L'ŒUVRE EN LIGNE
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À VOUS DE VOIR
- Observez les deux personnages représentés, leurs attitudes, leurs expressions. Que se dégage-t-il de ce portrait ?
- Quelles sont les couleurs utilisées ? Quel effet produit ce choix de l’artiste ?
- Hormis les personnages, décrivez les autres éléments présents dans l’image. Que peuvent-ils nous apprendre sur les deux modèles ?
- Observez le décor et les lignes du plancher. Quel rôle jouent-elles ici?
- Que peut-on remarquer par rapport à une construction traditionnelle de l’espace ? Quel est l’effet ainsi produit ?
L’ARTISTE
Suzanne Valadon (Bessines sur Gartempe, 1865 – Paris, 1938), artiste française.
Fille naturelle d’une lingère du Limousin, Suzanne Valadon passe à Montmartre une enfance marquée par les privations. Elle commence rapidement à gagner sa vie en exerçant différents petits métiers, dont celui de trapéziste. A la suite d’une chute, elle doit abandonner le cirque et devient alors modèle.
Dessinant depuis l’enfance, elle acquiert sa formation artistique par la fréquentation des ateliers. Edgar Degas l’encourage à devenir artiste peintre. Il lui achète d’ailleurs plusieurs tableaux et se lie d’amitié avec elle.
En 1883, elle donne naissance à un fils, Maurice, reconnu huit ans plus tard par le journaliste espagnol Miguel Utrillo y Morlius. Cette même année, elle réalise sa première œuvre connue, un autoportrait au pastel.
Maurice Utrillo, alcoolique précoce, quitte l’école en 1900. Pour soigner sa schizophrénie, sa mère lui enseigne la peinture. Rapidement son talent inhabituel est remarqué, notamment par le peintre André Utter, avec lequel sa mère et lui emménagent en 1909 à Montmartre.
Pour Suzanne, c’est le début d’une importante carrière. Elle fréquente le milieu artistique et littéraire du quartier et présente ses œuvres au Salon d’Automne et au Salon des Indépendants. En 1911, elle organise sa première exposition personnelle chez Clovis Sagot à Paris.
Le double portrait de sa nièce Marie Coca et de la fille de celle-ci, Gilberte, est exposé deux ans plus tard, en 1913, au Salon des Indépendants et chez la galeriste Berthe Weill.
L’ŒUVRE
Situés au centre de la composition, deux modèles posent pour le peintre. Assise sur un fauteuil au motif fleuri, Marie Coca, la nièce de l’artiste, se tient aux côtés de sa fille Gilberte. Celle-ci fixe le spectateur, tandis que sa mère détourne le regard au loin. En leur adjoignant une poupée, Suzanne Valadon renforce la différence de taille de ses modèles et leur confère l’aspect de figures emboîtables, telles des poupées russes.
Malgré leur proximité physique, une absence de communication sépare les deux personnages, comme en témoignent l’expression de leurs visages, tournés dans des directions opposées ou l’absence de geste l’un pour l’autre. Quelques objets posent le décor d’un salon bourgeois teinté d’un vert triste et froid. Deux petits bouquets sur une table, l’un de feuilles de houx, l’autre d’œillets, symbolisent discrètement les deux âges de la vie.
Sur le mur, la reproduction d’une scène de ballet d’Edgar Degas rend hommage au maître, dont Suzanne Valadon s’inspire ici pour construire l’espace pictural. Comme ce dernier elle fait basculer le sol, presque à la verticale, vers le regard du spectateur. Ce sentiment est renforcé par les lattes rectilignes du plancher qui rendent ce dernier très présent. Projetant ainsi les personnages vers l’avant, cette construction singulière témoigne d’une volonté de la part de Suzanne Valadon de remettre en cause la représentation traditionnelle de l’espace perspectif héritée de la Renaissance.
L'ŒUVRE DANS SON CONTEXTE
- 1912 Premiers collages de Braque et Picasso.
- 1912 M. Larionov élabore le rayonnisme, synthèse russe de l'orphisme.
- 1913 Premier ready-made de M. Duchamp.
- 1913 Suzanne Valadon, Marie Coca et sa fille Gilberte, 1913
