Le musée des Beaux-Arts conduit chaque année des programmes de conservation et de restauration des œuvres conservées dans ses collections. Les interventions sont assurées par des professionnels
indépendants, de différentes spécialités, selon les matériaux concernés, répondant aux qualifications prévues par le code du patrimoine.
la restauration du Saint François de Francisco de Zurbarán
Présent avant la Révolution dans le couvent des Colinettes, une congrégation religieuse lyonnaise située sur la colline de la Croix-Rousse, le Saint François debout momifié du musée des Beaux-Arts de Lyon est la première œuvre de Francisco de Zurbarán présente en France, peut-être dès le XVIIe siècle, ainsi que la première à avoir rejoint les collections d’un musée français, dès 1807. Devenu depuis l’une des pièces maîtresses de la collection de peintures, ce chef-d’œuvre de Zurbarán a de tout temps frappé par sa force d’expression et par sa remarquable qualité ceux qui l’ont contemplé.
Le contexte de la restauration
Le musée des Beaux-Arts de Lyon organise, du 5 décembre 2024 au 2 mars 2025, l’exposition Zurbarán. Réinventer un chef-d’œuvre, dont le Saint François debout momifié du musée des Beaux-Arts de Lyon est le point de départ. Il s’agira d’explorer les ressorts et les sources de cette création, mais aussi de recenser et d’interroger le sens des nombreux avatars de cette icône du Siècle d’Or. Le Museu Nacional d'Art de Catalunya (MNAC) accueillera la seconde étape de l’exposition, dans un format plus réduit, à Barcelone, au printemps 2025.
Pour la première fois, les trois tableaux représentant Saint François debout momifié peints par Francisco de Zurbarán, conservés respectivement au musée des Beaux-Arts de Lyon, au Museu Nacional d'Art de Catalunya et au Museum of Fine Arts de Boston seront réunis. À l’issue de leur présentation dans les expositions organisées à Lyon, puis à Barcelone, les trois tableaux seront exposés ensemble au musée de Boston.
Une restauration financée par les Amis du musée
Afin que le Saint François debout momifié de Zurbarán du musée des Beaux-Arts de Lyon puisse être présenté dans les meilleures conditions à Lyon, puis à Barcelone et Boston, le musée des Beaux-Arts a décidé de le restaurer. Les Amis des Beaux-Arts de Lyon ont très généreusement accepté de prendre en charge l’étude préalable et la restauration du Saint François de Francisco de Zurbarán, qui ont été confiées à Catherine Lebret, assistée de Vélia Dahan. Les restauratrices s’appuient sur le dossier constitué en 2020 au Centre de Recherche et de Restauration des musées de France (C2RMF), qui comprend, notamment, l’analyse de prélèvements, une radiographie du tableau et des prises de vue dans l’infra-rouge et l’ultra-violet.
Le comité scientifique
Dans la perspective de cette restauration, il nous est apparu opportun de constituer un comité scientifique de suivi, afin de pouvoir bénéficier de l’expertise des personnalités suivantes, dont l’avis est recueilli à l’issue de chacune des étapes de la restauration pour accompagner au mieux le musée dans cette restauration : Stéphane Allavéna, Conservateur en chef du Patrimoine à la COARC Ville de Paris ; Charlotte Chastel-Rousseau, Conservatrice en chef du Patrimoine, en charge de la peinture hispanique au musée du Louvre ; Dominique Martos-Levif, Ingénieure d’étude, responsable des ateliers de peinture de Versailles au Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France (C2RMF), Département restauration - filière peinture
La restauration des broderies de Macao, 2024
En 2024, les deux broderies de Macao conservées au musée des Beaux-Arts de Lyon ont bénéficié d’une restauration fondamentale afin d’être présentées dans l’exposition « Connecter les mondes » au cours de l’été. Cette opération d’envergure a été réalisée à Lyon par Anne Breugnot et Florence Whaap, restauratrices textile, associées à Lydiane Chomienne, restauratrice de peinture.
Les dimensions des toiles (environ 3m80 x 5 m) en font des objets complexes. La broderie est réalisée avec plusieurs types de matériaux et de techniques : point au lancé empiétant avec des fils de soie colorés ; bourrelet en carton pour créer du volume sous les fils de soie dans les fleurs, les bijoux, les ailes ; point de couchure sur des filés de papier doré et filés métalliques. Hormis les carnations des personnages, la broderie couvre l’ensemble du tissu de fond, constitué d’un assemblage de plusieurs morceaux de sergé de coton : 43 pièces pour La mort de Polydoros et 49 pour La Vengeance d’Hécube. L’observation du revers nous indique que la bordure et la partie centrale ont été brodées séparément puis assemblées. Dans les zones où les fils de broderie sont lacunaires, le dessin préparatoire est visible.
La restauration textile
La restauration textile a visé deux objectifs : stabiliser les altérations et améliorer la lisibilité des scènes. Les broderies ont d’abord été dépoussiérées au moyen d’une aspiration très douce. Le tissu de fond de la broderie était très fragilisé dans la partie supérieure où fentes et déchirures étaient dues aux tensions liées à la suspension. De nombreux petits trous et déchirures étaient répartis sur la surface. La consolidation structurelle a été faite localement par couture sur des pièces de lin.
Les filés de papier doré, très fragiles, ont été remis en place et collés. Le même traitement a été appliqué sur les bourrelets de papier qui n’étaient plus maintenus sur le sergé. Les fils métalliques de l’encadrement, flottants à de nombreux endroits, ont été recousus avec un fil d’organsin. Les éléments manquants n’ont pas été remplacés. Un nouveau doublage permet désormais d’apporter un soutien structurel aux broderies.
La restauration des empiècements
Les carnations sont réalisées sur des empiècements de satin de soie peints à part. À leur arrivée à l’atelier d’Anne Breugnot, les empiècements présentaient une oxydation extrême du support de satin ainsi qu’une grande fragilité de la peinture. Les empiècements de La Mort de Polydoros présentaient, en particulier, une certaine dénaturation due aux traitements précédents, inadéquats. Les doublages liés à une restauration de 1991 ont toutefois été conservés en régénérant les matériaux de collage présents.
Sur les deux broderies, un travail important de réintégration picturale a été réalisé afin d’atténuer visuellement les accidents ainsi que les abrasions parcourant les carnations. Cela a permis de restituer une lisibilité satisfaisante sur chacune des deux œuvres. Parallèlement à la consolidation structurelle des broderies, cette restauration a donc permis d’harmoniser l’ensemble.
Restauration des allégories du Rhône et de la Saône des frères Nicolas et Guillaume Coustou
Les célèbres sculptures de la place Bellecour sculptures ont été récemment transférées au musée pour y être restaurées, dans un abri aménagé dans le cloître. Les deux sculptures, chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle, rejoindront ensuite le parcours des collections permanentes, où elles n’auront plus à craindre les aléas climatiques, la pollution et le vandalisme.