LE JARDIN SOUS UN ANGLE INÉDIT

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D’ANECDOTES EN ÉNIGMES, RETROUVEZ LES ŒUVRES ET HISTOIRES CACHÉES DU JARDIN DU MUSÉE

1/ UN GRAND CHÊNE

Notre voyage à travers l’histoire lyonnaise et la flore européenne démarre par l’observation d’un grand chêne, Quercus robur. Cet arbre, dont la longévité avoisine le millénaire, était l’emblème de Zeus, et du temps des Celtes, on cueillait le gui précieux qui poussait dans ses branches : on croyait alors que les rameaux aux baies blanches recevaient l’âme et les puissances qui habitaient l’arbre.

De nos jours, le chêne est prisé des sculpteurs. Son bois est souple lorsqu’il est frais puis se rigidifie avec le temps, devenant ainsi résistant aux vers. Retrouvez dans nos collections un Ange portant la croix (milieu du XVe siècle, Allemagne du nord), sculpté en bois de chêne


2/ LE JARDIN

Le jardin était jadis un cloître réservé à des religieuses lyonnaises : jusqu’en 1792, le palais Saint-Pierre était un couvent de sœurs bénédictines.

Au centre du jardin, une fontaine vous accueille. L’un des éléments la composant fait partie de cet héritage que promouvait le musée à ses débuts. Il s’agit du réservoir, un sarcophage lyonnais de l’Antiquité gallo-romaine, massif et taillé dans le marbre, que l’on a percé de trois trous afin que l’eau s’en écoule.

Peu après la Révolution française, l’édifice fut racheté par la Ville, en 1802, après la rédaction du décret de fondation du musée de Lyon. Il s’agissait alors de rappeler à tous le prestigieux passé gallo-romain de la ville et de proposer des modèles à la fabrique de la soie. Sous les arcades étaient disposés de nombreux vestiges antiques.


3/ LE POIRIER DE CHINE

Nous découvrons maintenant le Pyrus calleryana, communément appelé poirier de Chine. Cet arbre sans vertu, malodorant, aux fruits comestibles mais dénués d’intérêt gustatif, a été bien tourmenté par Flore*, nymphe romaine dont une réplique en pierre factice occupe une niche du cloître.

À cause de son bois cassant, cette essence se voit confinée à l’ornement de jardins. Retrouvez dans nos collections la Chambre à coucher (1909-1912), sculptée par Hector Guimard en bois de poirier.


4/ LA STATUE DE L'ENFANT GIOTTO

En 1279, alors qu’il n’avait que douze ans, le futur peintre et architecte italien Giotto di Bondone fit une rencontre qui bouleversa sa destinée ainsi que celle de tous les arts de son temps.

Un jour, occupé à garder les béliers de son père, il attira l’attention de Cimabue, peintre florentin de renom : le jeune garçon, dépourvu de la moindre éducation, dessinait une tête de bélier parfaite, à l’aide d’un bâton. Le Florentin en fit alors son élève et lui permit de devenir l’un des précurseurs les plus importants de l’art de la Renaissance italienne.

Legendre-Héral, sculpteur lyonnais du XIXe siècle, s’est attaché à représenter cet épisode de la vie de Giotto. Si vous cherchez un peu, vous verrez sûrement une référence au talent de l’enfant esquissée sur la base de l’œuvre. On doit également à Legendre-Héral l’effigie d’Henri IV en haut-relief qui orne la façade de l’Hôtel de ville côté place des Terreaux.

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5/ QUEL EST CET ARCHITECTE ?

Levez la tête, nous nous intéressons maintenant à un autre architecte lyonnais, Simon Maupin, dont le profil est représenté en médaillon sur la frise du cloître.

On doit à cet homme l’un des bâtiments les plus emblématiques de notre ville, érigé entre 1646 et 1652, dont le carillon nous ravit les oreilles tous les midis. Avez-vous trouvé ? Il s’agit de l’Hôtel de Ville, représenté en mosaïque à gauche du médaillon de l’architecte.


6/ CONNAISSEZ-VOUS LE MICOULIER DE PROVENCE ?

Le micocoulier de Provence, Celtis australis, se pare de belles feuilles dentelées et de fruits ressemblant à des olives. On extrait une teinture jaune de son bois, ou on en fait des objets souples tels que des cannes, des rames ou des cravaches.


7/ AUTRE SCULPTEUR

De l’autre côté du cloître se trouve le médaillon d’un autre sculpteur, lui aussi lyonnais.

Observez-le bien. Relevez ses dates de naissance et de mort, son nom, son visage, les mosaïques qui l’encadrent…

Ces indices vous révèlent l’identité d’un artiste qui a réalisé l’une des sculptures les plus connues de la ville. Il s’agit bien de la statue équestre de Louis XIV, place Bellecour, que vous connaissez tous ! Elle vint remplacer une statue antérieure, qui s’était écroulée. La nouvelle statue montre le monarque chevauchant à la romaine, sans étriers ni selle, encadré par des allégories sculptées du Rhône et de la Saône.


8/ LES TILLEULS DANS LE JARDIN

Vous aurez peut-être noté l’abondance de tilleuls dans le jardin du musée. Contrairement au poirier de Chine, l’essence Tilia cordata, ou tilleul à petites feuilles, a été largement employée dans de nombreux domaines.

Bien que son bois souple ne convienne pas à un usage en extérieur ou en mécanique, sa malléabilité lui confère une place privilégiée en sculpture et en manufacture. Sabots, ustensiles, bobines de fil, coffrets, une part importante de l’artisanat européen exploite le tilleul depuis des temps immémoriaux.

Essence aux usages multiples, le tilleul fournit des fleurs dont on tire un breuvage anti-dépresseur, euphorisant et sédatif. Les décoctions de son bois drainent le foie et aident à éliminer les toxines grâce à leur remarquable effet diurétique. Retrouvez dans nos collections une Pietà (1944-1945), sculptée par Étienne-Martin en bois de tilleul.


9/ DERNIÈRE ÉTAPE : UNE ŒUVRE INVISIBLE

Ce parcours s’achève sur la (re)découverte d’une oeuvre insolite - car invisible. Elle a été enfouie dans le sol du jardin du musée à la fin du siècle précédent, pendant les années 1980, lorsque l’actuel musée d’art contemporain de Lyon était situé au palais Saint-Pierre.

L’artiste italien Claudio Parmiggiani a enseveli son oeuvre Terra dans l’un des parterres du jardin, la faisant disparaître pour toujours.
L’oeuvre en question, une sphère de terre cuite, portait des empreintes des mains de l’artiste et était destinée à questionner les notions de témoignage oculaire, de trace, le rituel de l’enfouissement, les idées de rumeur et de légende. Aujourd’hui, vous participez directement à faire vivre cette oeuvre en terre, dissoute dans le sol d’un jardin bientôt millénaire.


Musée gratuit pour les - de 18 ans ! Ouvert tous les jours de 10h à 18h, sauf mardi et jours fériés. Vendredi de 10h30 à 18h.