Stéphane Paccoud, conservateur chargé des peintures et des sculptures du XIXe siècle

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Stéphane Paccoud dans la réserve du musée

Quelles sont les missions d'un conservateur du patrimoine ?

Elles sont multiples et le programme d'une journée peut être très varié.
Un conservateur a pour mission première de transmettre aux générations futures les objets de la collection dans le meilleur état possible, en mettant en œuvre toutes les dispositions de conservation préventive nécessaires afin d'éviter qu'ils ne se dégradent.

Ce qui passe par le contrôle du taux d'humidité et de la température dans les espaces du musée, qui ne doivent pas varier au-delà de certaines normes, mais aussi par la planification et le suivi des campagnes de restauration, la gestion des mouvements d'œuvres, des inventaires. La face la plus visible de notre travail est constituée par la préparation des expositions, l'accrochage des salles, l'étude scientifique et la rédaction de publications, mais il ne faut pas oublier tout un volet de prospection, par exemple sur le marché de l'art à la recherche de possibles acquisitions complétant les collections. Nous sommes aussi amenés régulièrement à accueillir des étudiants ou assurer des cours et des conférences.

 

Comment décidez-vous d'acquérir des œuvres ?

Le musée n'acquiert aucun objet au hasard, à plus forte raison s'il s'agit d'un achat. Celui-ci doit être raisonné et entrer dans la politique globale d'acquisition. L'achat doit également bénéficier de l'accord indispensable d'une commission scientifique composée d'experts se réunissant au niveau régional, de l'Inspection Générale des Musées de France et des spécialistes concernés des musées nationaux. Tout projet doit faire l'objet d'un dossier solide et argumenté.

 

Comment observe-t'on un tableau ?

Il est indispensable de porter attention à tous les détails techniques de l'œuvre, qui sont autant de traces de son histoire : toile, châssis, état de surface, craquelures... La science est d'un secours bienvenu, grâce à des systèmes comme la lampe à ultraviolets qui révèle les repeints ajoutés sur une peinture : lorsqu'elle est placée devant l'œuvre, le vernis fluoresce et les éléments ajoutés a posteriori sur celui-ci apparaissent alors nettement sous l'aspect de zones sombres .

On ne voit pas les retouches à la lumière du jour
La même image avec la lampe à ultraviolets ; les retouches apparaissent sur le visage

 

Les petits et grands bonheurs de votre métier de conservateur ?

Le premier de ces bonheurs est de pouvoir quotidiennement travailler au contact des œuvres. C'est une profession que l'on choisit nécessairement par passion et qui offre le plaisir de découvertes permanentes, d'échanges, de rencontres. C'est aussi et surtout celui de pouvoir transmettre ces œuvres auprès des publics.

 

Délicat convoiement de tableaux

Le musée est en lien avec un vaste réseau d'autres musées dans le monde. Les établissements coopèrent, entre autres, en se     prêtant des œuvres pour des expositions temporaires. Comment se passe le transport de ces objets fragiles ?

Effectivement, pour des expositions, les musées peuvent prêter ou emprunter des œuvres. Le transport de ces œuvres demande des  manipulations spécifiques et la valeur de ces tableaux exigent que les conservateurs responsables accompagnent ces œuvres. C'est ce qu'on appelle le « convoiement ».

Convoyer une œuvre au Prado à Madrid ou au Musée de Los Angeles, cela ressemble à un voyage culturel ?

Les convoiements peuvent en effet être des moments privilégiés, permettant de rencontrer des collègues à travers le monde et de pouvoir confronter nos expériences, de découvrir d'autres musées. Mais ce sont aussi des moments qui peuvent être plus difficiles et source de stress lorsque vous devez accompagner une œuvre importante des collections à l'autre bout du monde, dans un pays que vous ne connaissez pas et dont vous ne maîtrisez pas la langue. Vous devez néanmoins réussir à être vigilant à chaque étape du transport et de l'installation, afin que toutes les précautions soient prises pour assurer sa bonne conservation. Passer plusieurs heures sur un tarmac d'aéroport auprès d'une caisse contenant une œuvre est fréquent.

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Votre œuvre préférée dans les collections ?
Il m'est difficile de n'en retenir qu'une, mais peut-être pourrais-je citer le Christ au Jardin des Oliviers de Théodore Chassériau, une œuvre récemment déposée au musée par le Fonds National d'Art Contemporain, qui m'a toujours fascinée. Les dimensions imposantes de cette peinture (4,5m x 3,57m) renforcent la puissance qu'elle véhicule dans l'expression toute romantique du doute mêlé à la résignation face à son destin

Un espace du musée qui vous inspire particulièrement ?
Le jardin, qui est un lieu à mon sens d'une grande poésie et un havre de calme au milieu de la ville. En lieu et place des bruits de circulation règne ici le chant des oiseaux, qui crée une atmosphère si particulière aux beaux jours et permet de porter un autre regard sur les sculptures.
 

Les petits et grands bonheurs de votre métier de conservateur ?

Le premier de ces bonheurs est de pouvoir quotidiennement travailler au contact des œuvres. C'est une profession que l'on choisit nécessairement par passion et qui offre le plaisir de découvertes permanentes, d'échanges, de rencontres. C'est aussi et surtout celui de pouvoir transmettre ces œuvres auprès des publics.

 

Le jardin du musée

Un espace du musée qui vous inspire particulièrement ?
Le jardin, qui est un lieu à mon sens d'une grande poésie et un havre de calme au milieu de la ville. En lieu et place des bruits de circulation règne ici le chant des oiseaux, qui crée une atmosphère si particulière aux beaux jours et permet de porter un autre regard sur les sculptures.

Nous nous sommes laissé dire que vous êtes le plus jeune conservateur de France ? Quel a été votre cursus ?
J'ai effectué des études supérieures en histoire de l'art à l'Ecole du Louvre et à l'université, qui m'ont conforté dans le désir de travailler dans le monde des musées.

Devenir conservateur est lié à l'obtention d'un concours, organisé chaque année, suivi d'une formation initiale de dix-huit mois assurée par l'Institut National du Patrimoine à Paris afin de nous préparer à l'exercice de ce métier. J'ai ensuite été en charge d'un musée dans le nord de la France, avant d'intégrer l'équipe du musée des Beaux-Arts.

 

Plus d'informations sur le métier de conservateur du patrimoine
École du Louvre
Institut National du Patrimoine