Le musée des Beaux-Arts de Lyon et le musée national d’Oman s’engagent dans des expositions croisées dans le but faire connaître la richesse de leurs collections respectives au public omanais et au public français.
Du 17 octobre 2022 au 7 mai 2023, le musée des Beaux-Arts présente à Mascate, capitale du Sultanat d’Oman, une vingtaine d’œuvres majeures des départements des Antiquités et des Objets d’art, principalement sélectionnées autour du thème des parfums et de l’encens.
Au printemps, une vingtaine d'œuvres remarquables du musée national d’Oman évoqueront à Lyon l’histoire du territoire omanais, de l’Âge du bronze au XXe siècle.
Présentation de l’exposition
Le Sultanat d’Oman évoque le pays de l’encens et des parfums. La sélection des œuvres du musée des Beaux-Arts de Lyon présentées au musée national d’Oman s’est donc naturellement, et principalement, faite autour de ce thème enchanteur.
Depuis la plus haute antiquité, et dans toutes les civilisations, les hommes entretiennent des liens particuliers avec les fragrances, qu’elles soient considérées comme des viatiques vers le monde divin et l’au-delà, pour leur valeur protectrice médicinale ou, plus simplement, pour le plaisir qu’elles procurent dans la vie quotidienne. Les collections d’antiquités et d’objets d’art du musée des Beaux-Arts de Lyon conservent de nombreux objets en lien avec l’encens, les parfums et les aromates. Ces objets, précieux témoignages de l’art et de l’artisanat, permettent, en outre, aux scientifiques d’approcher un aspect majeur de la culture immatérielle des sociétés humaines.
À l’aube de l’Histoire, les anciens Égyptiens faisaient un grand usage des parfums et aromates, lesquels entraient notamment dans la confection des onguents destinés à la momification, processus lié à la préservation de l’intégrité corporelle indispensable à la vie après la mort. Du fait de leur nature volatile, onguents et résines parfumés jouaient aussi un rôle majeur dans la communication avec le divin ; on faisait des offrandes d’encens aux dieux pour s’assurer de leur protection et des flacons de parfum étaient symboliquement déposés dans les tombes. Synonyme d’art de vivre, le parfum était aussi largement employé dans le monde profane pour la toilette et la parure. Par leur beauté plastique, les flacons participaient au plaisir olfactif, comme en attestent, de l’Égypte antique à la fin de l’Empire romain, les balsamaires, de formes et de matières diverses.
En Occident, l’emploi de l’encens, hérité de l’Antiquité, se répand avec le christianisme. Lors de la célébration du culte, l’encensement permet symboliquement de créer une connexion avec le divin. La fumée dégagée par l’encensoir représente ainsi la prière des fidèles qui s’élève jusqu’aux cieux. Un mobilier liturgique spécifique est alors créé pour servir aux célébrants. Par ailleurs, dans la pensée chrétienne, la maladie était considérée comme une conséquence directe du péché originel. Au cours du Moyen âge, très marqué par les épidémies de peste, les mauvaises odeurs étaient ainsi associées à l’univers du Mal. Diffuser de l’encens aidait alors à combattre les démons. Les échanges entre l'Orient et l'Occident nés des croisades (1096-1291) permettent d’introduire des senteurs et des épices nouvelles. Une production de céramiques se développe à destination des apothicaires et des vendeurs d’aromates. En Espagne, les Arabes apportent aussi beaucoup à la parfumerie. La Renaissance est marquée par les découvertes. Ouvrant la route maritime des Indes, Vasco de Gama rapporte encens, gingembre, poivre ou girofle et Christophe Colomb, depuis le Nouveau Monde, la vanille, le copal, le cacao et le tabac... Grâce à l'invention de l'imprimerie, les connaissances scientifiques relatives à la nature et aux plantes sont diffusées largement. Certains traités s’intéressent à la distillation, aux différentes essences et livrent des recettes d'eaux parfumées. Dans toute l’Europe, la nature devient l’un des thèmes privilégiés des artistes. Au fil des siècles, elle inspire profondément les créateurs d’objets décoratifs. Au tournant du 20e siècle, l’Art Nouveau, en particulier, se veut profondément « organique ». L’observation attentive du végétal, de l’ondulation de la tige aux nervures des feuilles, donne naissance à la courbe, ligne sinueuse qui marque l’architecture et le décor des objets. René Lalique est l’un des grands promoteurs de ce style. Sa production de flacons à parfums témoigne encore de cette fascination pour la nature, ses formes et ses senteurs.
La sélection opérée dans les collections du musée des Beaux-Arts de Lyon autour du thème « Sur les routes des parfums » est enrichie d’œuvres représentatives des départements. Elles offrent aux visiteurs quelques jalons de l’histoire universelle de l’art.
Commissariat
Geneviève Galliano, conservatrice en chef, département des Antiquités
Salima Hellal, conservatrice en chef, département des Objets d’art
Musée des Beaux-Arts de Lyon
Exposition hors les murs
Musée national d'Oman, Mascate