Assis sur le bras gauche de la Vierge, l’Enfant Jésus se saisit, de sa main droite, du fermoir du manteau de sa mère. Dans sa main gauche, l’Enfant tient un oiseau qui renvoie aux oisillons d’argile auxquels le Christ aurait insufflé la vie dans son enfance, selon l’évangile apocryphe de Thomas l’Israélite.

Le caractère précieux de cette œuvre sculptée dans un bloc d’albâtre a été rehaussé par l’application d’or au niveau des chevelures, du bouquet de roses, ainsi que du galon ornant le manteau de la Vierge.

Le déhanchement qui imprime sa ligne sinueuse à la silhouette de la Vierge, le travail des plis à becs et en cornet, auxquels répondent les boucles de cheveux, la joliesse des détails, tels que le fermoir ou le bouquet de roses, faisaient penser, jusqu’à une date récente, que cette œuvre était typique du grâcieux art de cour qui se pratiquait au XIVe siècle en Île-de-France.

L’analyse d’un infime prélèvement de matière, effectué dans le cadre de recherches récentes portant sur la sculpture médiévale en albâtre, amène cependant à envisager désormais que cette œuvre, dont il s’avère qu’elle a été sculptée dans un albâtre extrait de la carrière de Notre-Dame-du-Groseau, au sud-est du village de Malaucène, puisse avoir été réalisée sur place.

La figure du collectionneur Jean-Marie Pollet, qui légua cette œuvre au musée en 1839, présente un profil particulier. Autodidacte, celui-ci parcourut la France pour étudier l’architecture gothique et restaura les églises lyonnaises d’Ainay et de Saint-Nizier, ainsi que des châteaux médiévaux. Le legs de sa collection, qui comprenait des tableaux, des meubles et autres objets d’art du Moyen Âge, permit notamment au musée de Lyon de présenter un ensemble remarquable de panneaux allemands et français du XVe siècle.