Dans les années 1880-1885, Suzanne Valadon pose comme modèle, sous le sobriquet de « la terrible Maria » pour Pierre Puvis de Chavannes, Pierre-Auguste Renoir, Henri de Toulouse Lautrec. Elle se serait initiée à la peinture en les regardant travailler.

Toulouse-Lautrec l’invite à montrer son travail à Edgar Degas, lequel l’encourage à persévérer et lui enseigne la gravure. Forte de tous ces appuis et de sa volonté, elle expose en 1894 au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris, seule femme à y être représentée. En 1909, déjà âgée d’une quarantaine d’années, elle rencontre, par l’intermédiaire de son fils, Maurice Utrillo, un jeune peintre, André Utter dont elle s’éprend. Les années qui suivent marquent un tournant important dans sa carrière : elle abandonne le dessin pour se consacrer à la peinture.

Ce double portrait de la nièce de l’artiste, Marie Coca et sa fille Gilberte, se rattache à la série des « Portraits de Famille » que Suzanne Valadon exécute d’après ses proches. L’autorité du trait, la force et la simplicité de la composition, la perspective volontairement accentuée du plancher qui semble projeter les figures en avant, l’acuité des visages, tout manifeste la très grande maîtrise de l’artiste. Gilberte et sa poupée renvoie à un des thèmes de prédilection de Valadon : l’enfance et ses jeux. L’attention portée au décor fait osciller le tableau entre scène de genre et portrait. La reproduction d’un tableau de Degas au mur constitue un hommage de Valadon au peintre qui l’avait encouragée dans sa vocation artistique.