Cet immense tableau appartient à une série de quatre très grands formats réalisés pour la nef de l’église du prieuré bénédictin de Saint-Martin-des-Champs à Paris. Appartiennent également à cette série Les Marchands chassés du Temple, conservé au musée des Beaux-Arts de Lyon, La Résurrection de Lazare et La Pêche miraculeuse, conservés pour leur part au musée du Louvre. La série presque achevée fut présentée à Louis XIV en juillet 1705. Séduit, le roi en commanda la transcription en tapisserie.

Peintre d’histoire reconnu au moment où il peint ces tableaux, Jean Jouvenet est issu d’une famille d’artistes établis à Rouen. Il collabore à Paris avec Charles Le Brun sur les grands chantiers royaux et connaît la consécration en devenant le directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture au moment où il peint cette toile, en 1705.

Dans un décor clos par un grand portique qui rappelle que Jouvenet a vu les œuvres de Véronèse, le Christ apporte la contradiction à son hôte, Simon, de même qu’à ses disciples, en défendant la femme en train d’essuyer ses pieds au moyen de ses cheveux. Il accepte en effet d’être touché par Marie-Madeleine, une courtisane dont il pardonne les péchés car elle a manifesté beaucoup d’amour. L’artiste excelle à rendre compte de l’animation de la foule. À cette fin, il décentre la perspective, saisit les figures dans des attitudes déséquilibrées, use d’une gestuelle particulièrement expressive et crée de saisissants contrastes lumineux. En surplomb de la scène et la désignant, Jouvenet s’est représenté lui-même, entourée de ses filles au niveau de la colonnade.