Le grand œuvre conçu tout au fil de sa carrière par Louis Janmot, artiste hors normes en son époque, consiste en un projet de quatre cycles de compositions, accompagné par un poème de deux mille huit cent vers, illustrant le parcours d’un jeune homme, confronté aux joies, mais aussi aux dangers et aux épreuves de la vie. Seul le premier de ces cycles sera néanmoins achevé en peinture et présenté à l’Exposition universelle de 1855 à Paris, sous le titre L’Âme, poème en dix-huit tableaux. Celui-ci évoque la naissance du jeune garçon, son enfance et son adolescence en compagnie d’une jeune fille. Leur amour naissant est cependant brutalement interrompu par le décès de celle-ci, figuré dans cette composition, qui illustre son âme quittant la terre.

Profondément empreint de piété catholique, ce cycle s’inscrit par sa portée philosophique et didactique dans le courant de renouveau religieux particulièrement actif à Lyon au milieu du XIXe siècle, où il est porté par des personnalités comme Frédéric Ozanam et Victor de Laprade, dont l’artiste est proche. Janmot se singularise dans l’art de son temps par son spiritualisme qui fait écho tout autant à l’art de l’Anglais William Blake ou de l’Allemand Philip Otto Runge qu’à ses contemporains préraphaélites, dont il partage le sens de la beauté. Sa recherche de pureté de la ligne est héritée de son maître Ingres et de son regard sur la peinture italienne du Quattrocento. Il l’allie à une véritable sensibilité à la nature, par exemple dans le paysage rocheux qui sert de cadre à cette scène.

Louis Janmot, Poème de l'âme, cycle complet 18 tableaux : cliquer pour agrandir l'image;

Louis Janmot
Poème de l'âme cycle complet 18 tableaux
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset