Le peintre aixois François Marius Granet partage avec ses anciens camarades d’atelier Fleury Richard et Pierre Révoil, qui avec lui se formèrent auprès de Jacques Louis David, un même goût pour les architectures du passé et les effets de lumière. Ainsi, ce tableau illustre le chœur d’une église romaine peu représentée par les artistes, car hors des circuits de visite traditionnels, Santa Maria della Concezione, située près de la place Barberini et partie intégrante d’un monastère de frères capucins. Le peintre, qui résidait près de celle-ci, avait coutume de s’y rendre régulièrement. Néanmoins, l’occupation de la ville par les armées françaises en 1808 engendre de nombreuses exactions envers les religieux, si bien que Granet, lors d’un nouveau voyage en Italie, trouve le lieu déserté. Dans l’esprit de dénoncer ces actes, il conçoit en 1814 une première version de cette composition où au contraire l’église est peuplée de nombreux moines à l’heure des vêpres et plus précisément au moment du chant du Magnificat.

L’œuvre, qui est autant une vue d’architecture qu’un tableau de piété, remporte aussitôt un très grand succès, en raison du réalisme pittoresque du détail, des attitudes des personnages et du saisissant effet de lumière. Très vite le peintre est sollicité pour réaliser des répliques par différents collectionneurs. Ainsi reprend-il, à plusieurs reprises, cette composition avec des variantes, notamment dans une version présentée au Salon de 1819 à Paris et dans celle conservée dans les collections du musée.