La Sainte Face
Information sur l’artiste
Georges Rouault (Paris,1871-Paris, 1958)
Issu d’un milieu d’artisans, marqué par son éducation chrétienne, Georges Rouault entre en 1885 en apprentissage chez un peintre verrier. En 1890, il est admis à l’école des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Jules-Elie Delaunay puis dans celui de Gustave Moreau. À la suite de la mort de ce dernier (1898), il traverse une grave crise morale. Il trouve alors refuge dans la spiritualité. Sa rencontre avec les écrivains symbolistes Joris-Karl Huysmans (1901) et avec Léon Bloy (1904) mais surtout son amitié avec Jacques et Raïssa Maritain (1905) et avec André Suarès (1911) lui donnent un nouveau souffle.
Il abandonne la veine rembranesque de ses débuts au profit d’une manière plus expressionniste pour s’attacher à la représentation des êtres en marge de la société. Rouault commence à réfléchir en 1912 aux thématiques doloristes qu’il développe dans la suite gravée Miserere et Guerre réalisée entre 1916 et 1927 ; elle sera finalement publiée en 1948 sous le seul titre de Miserere par Ambroise Vollard, devenu son marchand en 1913. Cette recherche consacre son retour aux thèmes religieux et contribue à faire de l’artiste le rénovateur d’une peinture chrétienne qui emprunte aux icônes byzantines et à la peinture romane.
Le thème de la Sainte Face ou du Voile de Véronique apparaît en 1912-1913 dans deux petites gouaches avant d’être repris dans deux planches du Miserere. De 1931 à 1938, Rouault renoue avec ce thème, se dégageant toutefois de l’iconographie traditionnelle : la couronne d’épines a disparu, tout comme le voile de Véronique. Le visage aux yeux clos, à la différence d’autres versions, s’impose par sa majesté hiératique : il se détache d’un halo lumineux. Sa stricte frontalité est encore accentuée par la répétition des marges. Les apparitions de Saint-Jean Baptiste, peintes par son maître Gustave Moreau, semblent survivre. Après 1938, Rouault ne traite qu’épisodiquement ce thème.
Vers 1938-1939
Huile sur toile
H. 95,5 ; L. 68,5 cm
Legs de Jacqueline Delubac en 1997
Inv. 1997-52
© ADAGP Paris 2020
Image © Lyon MBA - Photo RMN / Ojéda - Le Mage