La Dame de charité
Information sur l’artiste
Jean-Baptiste Greuze [Tournus, 1725 - Paris, 1805]
La Dame de charité, vers 1772-1775.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
La Dame de charité est le premier tableau important que Jean-Baptiste Greuze présente, en marge du Salon de 1775, après le scandale causé en 1769 par son Septime Sévère reprochant à Caracalla, son fils, d’avoir voulu l’assassiner. Le peintre, qui prétendait encore au statut de peintre d’histoire à cette date, s’était vu reprocher la trivialité de ses figures et avait dû se contenter d’être considéré par la suite comme un peintre de scènes de genre.
Greuze s’efforce cependant de conférer à ce type de représentation une dimension morale qui contribue à en rehausser le statut. Dans ses comptes rendus des Salons, Denis Diderot s’enthousiasme pour ce renouvellement du genre, qu’accompagne, dans le domaine littéraire, la naissance du drame moral.
Dans ce tableau, une dame de noble extraction vêtue d’étoffes soyeuses encourage sa fille à accomplir un acte de charité à destination d’un vieillard alité, en dépit des répugnances que la jeune enfant semble éprouver. L’épée suspendue au mur fait allusion à l’appartenance à la noblesse de cet homme affaibli et dans le dénuement, en même temps qu’elle rappelle les combats qu’il a dû mener dans son jeune temps.
La composition en frise, la variété des expressions et la rhétorique gestuelle appuyée rattachent ce type d’œuvre à la peinture d’histoire, à l’œuvre de Nicolas Poussin en particulier, Greuze continuant à entretenir l’ambiguïté entre ces deux registres qui lui avait été tant reprochée.
Vers 1772-1775
Huile sur toile
H. 112 ; L. 146 cm
Achat en 1897
Inv. B 576