Cette toile monumentale a été peinte pour Louis Phélypeaux de La Vrillière, secrétaire d’Etat de Louis XIII. Elle figurait dans une galerie de quarante mètres dans l’hôtel particulier de La Vrillière, à Paris, avec dix autres œuvres commandées à Guido Reni, au Guerchin, à Carlo Maratta, à Alessandro Turchi et à Nicolas Poussin, c’est-à-dire aux peintres les plus renommés à Rome en ce temps-là. Chacune de ces toiles traite d’un sujet de l’histoire romaine.

Dans le tableau de Pierre de Cortone, il nous est donné d’assister à la restitution du trône d’Egypte à Cléopâtre par son amant et allié Jules César, au lendemain de la mort du roi Ptolémée XIII, comme l’indiquent le sceptre et la couronne que le Romain montre à l’Egyptienne. Cette prise de pouvoir se fait au détriment de la sœur de Cléopâtre, Arsinoé IV, qui est contrainte de rejoindre la coulisse, sa silhouette étant déjà enveloppée par l’ombre. Les deux protagonistes principaux apparaissent au contraire en pleine lumière, revêtus de riches atours au coloris aussi raffiné que brillant. Le décor composé de marches aux degrés imposants, de colonnades et d’une lourde tenture, associé à l’éloquence des gestes et des regards, consacrent la dimension éminemment théâtrale de cette composition savante. Le peintre a placé en son centre la main délicate de Cléopâtre qui s’abandonne dans celle de César.