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Nicolas Poussin, La Fuite en Égypte, 1657

Exposition 15 février 2008 - 19 mai 2008
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Nicolas Poussin, 1657
La Fuite en Egypte - Inv. 2014.5.1
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Introduction

Le musée de Lyon a organisé, pour l'arrivée du tableau dans ses collections, une exposition exceptionnelle La Fuite en Égypte de Nicolas Poussin (1594-1665), conçue autour de cette pièce majeure de la peinture du XVIIe siècle.

 

L'exposition a permis d'explorer différentes facettes de ce chef-d'œuvre de Poussin.

Dix tableaux de Nicolas Poussin, provenant des plus grands musées européens, ont été montrés en France pour la première fois depuis la grande rétrospective parisienne de 1994. Véritable décryptage du tableau, l'exposition a exploré La Fuite en Égypte selon différents points de vue, historique, iconographique, ou encore stylistique. Visitez le mini site internet pour mieux comprendre ce chef-d'œuvre.

Les analyses en laboratoire ont confirmé la très grande maîtrise technique de Nicolas Poussin à la fin de sa vie, qui nous livre dans ce tableau une composition d'une grande force plastique et d'un fort pouvoir émotionnel. Si l'artiste suit ici fidèlement le récit de l'Évangile selon saint Matthieu, qui relate la fuite de Marie et de Joseph en Egypte pour sauver le Christ enfant menacé par les soldats d'Hérode, il introduit également des éléments symboliques qui font de cette œuvre une méditation théologique et philosophique sur le salut de l'homme.

Le tableau de Nicolas Poussin a été acquis dans des circonstances exceptionnelles au bénéfice du musée des Beaux-Arts de Lyon. L'oeuvre, en mains privées, fut d'abord classée -Trésor national- par l'État en 2004, avant d'être acquise grâce au concours de plusieurs entreprises françaises, à la contribution de la Ville de Lyon, de la région Rhône-Alpes, et à l'engagement du musée du Louvre. Cette opération de mécénat est l'une des plus importantes réalisées en France.


Commissariat :

Isabelle Dubois, conservateur du département des peintures et sculptures anciennes du musée des Beaux-Arts de Lyon.
Cette exposition a été réalisée en partenariat avec le musée du Louvre.

Bloc contenu

Parcours dans l'exposition

 

Nicolas Poussin, Le Repos pendant la fuite en Égypte, 1655-1657, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage, (c) Photo RMN
Nicolas Poussin
Le Repos pendant la fuite en Égypte, 1655-1657, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage,
(c) Photo RMN

Section 1 : Le thème de l'enfance du Christ

Du Massacre des Innocents à la Fuite en Égypte, traité par Poussin et ses contemporains en France et en Italie.


Section 2 : Présentation de tableaux peints par Nicolas Poussin à la même époque (1657)


Nicolas Poussin, La Vision de sainte Françoise Romaine, Paris, Musée du Louvre (c) Photo RMN – © Franck Raux
Nicolas Poussin
La Vision de sainte Françoise Romaine, Paris, Musée du Louvre (c) Photo RMN –
© Franck Raux

Section 3 : Présentation du commanditaire de l'œuvre...

Le commanditaire de l'œuvre, le soyeux d'origine lyonnaise Jacques Sérisier et l'entourage de Poussin en 1657, date de la commande de l'œuvre.
Le milieu des amateurs de Poussin et les témoignages contemporains

 

 


Section 4 : Gravures d'après le tableau


Décadrachme de Syracuse, Victoire couronnant le conducteur d’un quadrige
Décadrachme de Syracuse, Victoire couronnant le conducteur d’un quadrige

Section 5 : Étude de la composition de l'œuvre...

Les sources d'inspiration de l'artiste, et la réception du tableau par la gravure.


Section 6 : Analyse technique du tableau

Analyse réalisée par le Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF).

 

 

 


 

 

 

 

La vie de Nicolas Poussin

Nicolas Poussin, Autoportrait, Berlin, Gemäldegalerie (c) Dist RMN - © Jörg P. Anders
Nicolas Poussin
Autoportrait, Berlin, Gemäldegalerie (c) Dist RMN -
© Jörg P. Anders

Nicolas Poussin est né en 1594 en Normandie, près des Andelys.

Les premières années de sa formation de peintre sont mal connues. Il s'installe à Rome en 1624. Cassiano del Pozzo, secrétaire du cardinal Francesco Barberini (neveu du pape Urbain VIII), devient l'un de ses principaux mécènes. Vers 1627, Poussin répond à une commande du Vatican. Mais le tableau qu'il réalise est très mal reçu (Martyre de saint Erasme, musée du Vatican) .

Après cet échec, Poussin renonce aux grands formats et aux commandes prestigieuses et décide de se consacrer à des tableaux de taille moyenne. Il réalise alors des tableaux destinés à une petite clientèle d'amateurs fortunés, sur des sujets religieux, mythologiques ou allégoriques.
A Rome comme à Paris, sa notoriété grandit. Vers 1638, il est appelé par le roi de France. Peu enthousiaste, il finit par gagner la capitale française en décembre 1640. Il reçoit le brevet de Premier peintre du roi et la direction de tous les travaux royaux.

 

Mais en butte aux critiques, confronté à de grands chantiers alors qu'il excelle dans des formats plus modestes, Poussin prend le prétexte d'aller chercher sa femme et rentre définitivement à Rome en 1642. Il peindra désormais surtout pour des commanditaires français. Son style évolue vers une plus grande monumentalité des personnages.
Outre d'ambitieuses séries de sujets chrétiens, il aborde des thèmes qui révèlent une proximité intellectuelle avec la philosophie stoïcienne, doctrine antique rationaliste. Il meurt à Rome le 19 novembre 1665.

 

Comment travaillait Nicolas Poussin ?

Lorsqu'il prépare un projet de tableau, Poussin commence par mettre en place par des dessins successifs griffonnés à l'encre et au lavis la composition d'ensemble, les lumières et les valeurs.

Pour les tableaux les plus complexes, il confectionne une "boîte optique", maquette à l'intérieur de laquelle il dispose les personnages et les architectures modelées en cire, et étudie, par un dispositif de trous, le jeu lumineux et la place de chaque élément.

Une fois la composition clairement décidée, Poussin prépare son support en apposant une sous-couche, brune souvent, blanche parfois. Ensuite, il réalise directement le motif en peinture sans dessin préparatoire sur la toile.

Il peint lentement, et refuse les séductions d'un illusionnisme parfait, préférant l'harmonie de l'ensemble à la virtuosité des détails.

 

L'histoire du tableau

Nicolas Poussin, Paysage avec les cendres de Phocion, Liverpool, Walker Art Gallery © Walker Art Gallery, National Museums Liverpool
Nicolas Poussin
Paysage avec les cendres de Phocion, Liverpool, Walker Art Gallery
© Walker Art Gallery, National Museums Liverpool

Poussin garde de son séjour à Paris, entre 1640 et 1642, des amis fidèles qui collectionnent ses œuvres, notamment Paul Fréart de Chantelou, Jean Pointel, et Jacques Sérisier. A son départ de Paris, Poussin désigne les deux derniers comme ses exécuteurs testamentaires.

Négociant en soie, installé à Paris rue Saint-Martin, Sérisier entretient avec Poussin une réelle amitié et lui rend visite à Rome en 1647. D'origine lyonnaise, il sert de relais au peintre pour faire transiter ses toiles à Lyon entre Rome et Paris.

C'est en 1657, comme le mentionne l'historien André Félibien, que Poussin réalise « pour le sieur de Cérisiers une Vierge qui fuit en Egypte ».

Poussin tenait Sérisier pour « un de ces hérétiques qui croient que le Poussin a quelque talent en la peinture qui n'est pas commun ». Et lorsqu'en 1665, le grand sculpteur italien Bernini se rend en France, Chantelou lui fait visiter la collection Sérisier, dans laquelle il mentionne dix toiles de Poussin (Le Paysage avec les cendres de Phocion de la Walker Art Gallery de Liverpool faisait notamment partie de cette collection). Mais cet ensemble fut dispersé après la mort de son propriétaire, peu après 1677, et La Fuite en Egypte, seulement connue par la gravure, tomba dans l'oubli … jusqu'en 1986 !

 

Le thème de la fuite en Egypte

Que se passe-t-il dans ce tableau ?

L'histoire se passe quelque temps après la naissance de Jésus, en Judée. Elle est contée dans le Nouveau Testament, précisément dans l'Evangile selon saint Matthieu (2, 13-23).

La région est alors sous l'autorité d'Hérode, roi impopulaire et brutal. Des Sages (ou Mages) venus d'Orient lui ayant annoncé la naissance à Bethléem du « roi des Juifs », Hérode le fait chercher, et ordonne la mise à mort de tous les enfants de la ville âgés de moins de deux ans. Sous les yeux de leurs mères, les enfants sont tués par les soldats. Joseph, le père de Jésus, est averti en songe par un ange qu'il doit partir vers l'Égypte avec l'enfant et sa mère pour échapper au massacre.

D'après certains textes apocryphes (non reconnus par l'Eglise catholique et contestés au 17 e siècle), le parcours de la Sainte Famille est jalonné d'épisodes fabuleux, où l'Enfant au pouvoir surnaturel réalise des miracles, et est adoré par les anges et les habitants des pays traversés.

La sainte Famille reste sept ans en Égypte puis, avertie par l'ange de la mort d'Hérode, revient à Nazareth.

 

F. Solimena, l'Abbate Ciccio (dit), Le Songe de Saint Joseph, Paris, Musée du Louvre (c) Photo RMN – © Gérard Blot
F. Solimena
l'Abbate Ciccio (dit), Le Songe de Saint Joseph, Paris, Musée du Louvre
(c) Photo RMN – © Gérard Blot
N. Poussin, Le Massacre des Innocents, Paris, Musée du Petit Palais, (C) Photo RMN - © Bulloz
N. Poussin
Le Massacre des Innocents, Paris, Musée du Petit Palais,
(C) Photo RMN - © Bulloz
S.  Bourdon, La Fuite en Egypte, Paris, Musée du Louvre (c) Photo RMN – © Hervé Lervandowski
S. Bourdon
La Fuite en Egypte, Paris, Musée du Louvre
(c) Photo RMN – © Hervé Lervandowski

 

 

 

 

 

 

 

 

Le thème de la fuite en Égypte à travers l'histoire de l'art

Pendant tout le Moyen Age, les enlumineurs, les sculpteurs et les peintres représentent les différents épisodes de la vie du Christ, de sa conception miraculeuse à sa mort sur la Croix. Chaque épisode fait l'objet de très nombreuses représentations que l'on peut comparer, car selon les époques et les artistes, l'accent est mis sur tel ou tel aspect du thème.

Dans La Fuite en Egypte , Marie est souvent représentée assise en amazone sur l'âne que mène Joseph ou l'ange. Elle tient l'enfant sur ses genoux.

Parfois, la représentation de ce thème permet d'insister sur le caractère divin de Jésus. On évoque alors certains miracles légendaires provoqués par le passage de l'Enfant : il apprivoise les bêtes sauvages qui se mettent à son service et lui montrent le chemin ; pour nourrir sa mère, il ordonne à un palmier chargé de fruits de se courber et fait couler une source entre ses racines, etc.

Certaines œuvres montrent la sainte Famille accompagnée de serviteurs, ou d'autres personnages. Au 17e siècle, ces épisodes miraculeux tendent à disparaître, et Marie est parfois représentée cheminant à pied, comme dans le tableau de Poussin.

 

La médaille au temps de Nicolas Poussin

A l'occasion de la parution du catalogue des Médailles françaises des XVe, XVIe et XVIIe siècles, les 168 exemplaires conservés au médaillier du musée des Beaux–Arts de Lyon font l'objet d'une nouvelle présentation.

Au temps de Nicolas Poussin, la médaille est un status symbol, un signe extérieur de richesse, un luxe et donc une mode. Il faut le reconnaître, la médaille offre de nombreux avantages. Comparée à la peinture ou à la sculpture, elle est relativement peu chère. On peut de plus la fabriquer en plusieurs exemplaires. Quasiment éternelle par son métal, son format la rend facilement transportable.

A cette époque, deux artistes dominent la production nationale : Guillaume Dupré (1574-1647) et Jean Warin (1604-1672), tous deux graveurs officiels des rois Henri IV, Louis XIII et Louis XIV.

Au même moment, Claude Warin, frère de Jean, réalise les grands médaillons de bronze apposés sur les façades de l'Hôtel de Ville de Lyon. Ces derniers connaissent un tel succès que plus de trente Lyonnaises et Lyonnais lui commandent le leur. Sa réputation de médailleur dépasse les limites de la ville et de la région puisqu'il réalise une médaille pour Honoré II de Monaco.

Certaines de ces médailles françaises, présentées pour la première fois au public, sont de qualité exceptionnelle et se révèlent rares ou originales. Elles montrent la richesse du fonds conservé au Médaillier de Lyon, la deuxième collection numismatique de France après Paris.

Bloc dossier de l’exposition