L'engagement du musée des Beaux-Arts de Lyon pour l'art brut n'est pas nouveau. Le combat acharné en 1956 du critique d'art René Déroudille pour que le Musée des Beaux-Arts de Lyon achète un tableau de Jean Dubuffet intitulé Paysage blond, à une époque où aucun musée français n'avait encore osé franchir ce pas, est d'ailleurs bien connu. Riche en rebondissements, cette histoire est illustrée par la passionnante correspondance croisée entre René Déroudille, Jean Dubuffet et Philippe Dereux.
En 1949, Jean Dubuffet donne sa première définition de ce qu'il appelle l'art brut : « Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme (...) ait peu ou pas de part, de sorte que leurs auteurs y tirent tout de leur propre fond et non pas des poncifs de l'art classique ou de l'art à la mode ».
Il s'agissait avant tout de retrouver ce que la civilisation avait déformé et, dans cette logique, les productions artistiques enfantines et celles des malades mentaux furent au cœur des découvertes de l'époque : envisagées sous un jour esthétique, elles offraient une spontanéité et une force expressionniste qui influencèrent de façon prépondérante les formes et des courants artistiques du XXème siècle.
Philippe Dereux (1918-2001) a créé un univers fantasmagorique peuplé d'êtres étranges constitués d'épluchures végétales, d'écorces, de graines ou de légumes secs rehaussés de gouache. Il fait preuve d'une imagination sans cesse renouvelée dans des œuvres expressionnistes fortes de rêves et d'angoisses, d'humour aussi et de beauté.
Philippe Dereux fut botaniste pour Jean Dubuffet : il capturait des papillons pour lui et l'aidait dans ses collages. Et c'est précisément cet artiste qui l'a guidé vers la création plastique.