L'ŒUVRE EN LIGNE
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À VOUS DE VOIR
- Que vous inspire la figure qui anime ce tableau ?
- Comment le corps est-il représenté ? Sur quels éléments l'artiste met-il l'accent ?
- Quels sont les autres éléments présents ? À quels univers Wifredo Lam fait-il référence ?
- Observez les couleurs. Comment sont-elles utilisées ? Quel rôle jouent-elles ?
- Au vu de vos remarques et après vous être familiarisé avec la vie de l'artiste, en quoi cette œuvre est-elle représentative de sa démarche artistique et de l'art du XXe siècle ?
L’ARTISTE
Wifredo Oscar Lam y Castilla, dit Wifredo Lam (Sagua-la-Grande, (Cuba) 1902 – Paris, 1982), artiste cubain.
Né d’un père chinois et d’une mère aux origines africaine et espagnole, Wifredo Lam grandit dans un environnement marqué tout autant par les mythes de l’Afrique et des Caraïbes que par le catholicisme. Manifestant très tôt un goût pour le dessin, il suit l’enseignement de l’école des Beaux-Arts de La Havane et se rend en Europe en 1923 pour compléter sa formation artistique. Après avoir vécu en Espagne plusieurs années, où il étudie dans les académies et fréquente régulièrement les musées, Wifredo Lam se rend à Paris en 1938. Il fait alors des rencontres déterminantes pour son œuvre, celle de Pablo Picasso, avec lequel il découvre le cubisme et l’art primitif, et celle d’André Breton, qui l’initie à la pensée surréaliste. C’est avec ce dernier, auquel se joignent de nombreux intellectuels, qu’il embarque pour les Etats-Unis en 1941, quittant la France occupée. De retour à Cuba en 1942, après vingt ans d’absence, Wifredo Lam s’installe à la Havane et renoue avec ses racines afro-cubaines. Il assiste à des cérémonies vaudou, culte animiste qui mêle pratiques magiques et éléments empruntés au rituel chrétien, et intègre cet héritage culturel à ses recherches picturales. Il réalise alors des œuvres nourries de visions intérieures évoquant la nature luxuriante de son pays natal, ses champs de canne à sucre, ses figures fantastiques.
L’ŒUVRE
Une figure féminine, aux formes aigües et schématiques, siège au centre de l’œuvre. Telle un totem, elle se présente frontalement, tandis que ses mains démesurées présentent un large couteau dont la lame est tournée vers le spectateur. La tête, ornée de motifs végétaux et de cornes, ainsi que la rondeur de la poitrine contrastent avec cette composition fortement rectiligne.
Travaillée sur une toile au grain épais, avec très peu de peinture, et dans un camaïeu de bruns, cette figure hybride au graphisme précis se détache sur un fond dépouillé. Son hiératisme ainsi que l’absence de visage reconnaissable en font une image inquiétante. Cette divinité masquée témoigne chez l’artiste d’une inspiration multiple qui emprunte autant à l’art africain et océanien, qu’au vocabulaire cubiste et à l’imaginaire surréaliste. Effigie menaçante, elle semble surgir de ces cérémonies vaudou, auxquelles l’artiste a assisté pour la première fois en Haïti en 1946.
La Femme au couteau est une œuvre représentative de la période cubaine de Wifredo Lam et le couteau ici confirme l’activité sacrificielle en même temps qu’il rend compte d’un pays gangrené par le folklore de pacotille, la corruption et la misère.
L'ŒUVRE DANS SON CONTEXTE
- 1947 Début de la Guerre froide avec les doctrines Jdanov et Truman.
- 1949 Décolonisation de l’Empire des Indes britanniques.
- 1950 Proclamation de la Chine Populaire par Mao Zedong.
- 1950 Wifredo Lam, La Femme au couteau, 1950