Le musée des Beaux-Arts conduit chaque année des programmes de conservation et de restauration des œuvres conservées dans ses collections. Les interventions sont assurées par des professionnels
indépendants, de différentes spécialités, selon les matériaux concernés, répondant aux qualifications prévues par le code du patrimoine.
La restauration des broderies de Macao, 2024
En 2024, les deux broderies de Macao conservées au musée des Beaux-Arts de Lyon ont bénéficié d’une restauration fondamentale afin d’être présentées dans l’exposition « Connecter les mondes » au cours de l’été. Cette opération d’envergure a été réalisée à Lyon par Anne Breugnot et Florence Whaap, restauratrices textile, associées à Lydiane Chomienne, restauratrice de peinture.
Les dimensions des toiles (environ 3m80 x 5 m) en font des objets complexes. La broderie est réalisée avec plusieurs types de matériaux et de techniques : point au lancé empiétant avec des fils de soie colorés ; bourrelet en carton pour créer du volume sous les fils de soie dans les fleurs, les bijoux, les ailes ; point de couchure sur des filés de papier doré et filés métalliques. Hormis les carnations des personnages, la broderie couvre l’ensemble du tissu de fond, constitué d’un assemblage de plusieurs morceaux de sergé de coton : 43 pièces pour La mort de Polydoros et 49 pour La Vengeance d’Hécube. L’observation du revers nous indique que la bordure et la partie centrale ont été brodées séparément puis assemblées. Dans les zones où les fils de broderie sont lacunaires, le dessin préparatoire est visible.
La restauration textile
La restauration textile a visé deux objectifs : stabiliser les altérations et améliorer la lisibilité des scènes. Les broderies ont d’abord été dépoussiérées au moyen d’une aspiration très douce. Le tissu de fond de la broderie était très fragilisé dans la partie supérieure où fentes et déchirures étaient dues aux tensions liées à la suspension. De nombreux petits trous et déchirures étaient répartis sur la surface. La consolidation structurelle a été faite localement par couture sur des pièces de lin.
Les filés de papier doré, très fragiles, ont été remis en place et collés. Le même traitement a été appliqué sur les bourrelets de papier qui n’étaient plus maintenus sur le sergé. Les fils métalliques de l’encadrement, flottants à de nombreux endroits, ont été recousus avec un fil d’organsin. Les éléments manquants n’ont pas été remplacés. Un nouveau doublage permet désormais d’apporter un soutien structurel aux broderies.
La restauration des empiècements
Les carnations sont réalisées sur des empiècements de satin de soie peints à part. À leur arrivée à l’atelier d’Anne Breugnot, les empiècements présentaient une oxydation extrême du support de satin ainsi qu’une grande fragilité de la peinture. Les empiècements de La Mort de Polydoros présentaient, en particulier, une certaine dénaturation due aux traitements précédents, inadéquats. Les doublages liés à une restauration de 1991 ont toutefois été conservés en régénérant les matériaux de collage présents.
Sur les deux broderies, un travail important de réintégration picturale a été réalisé afin d’atténuer visuellement les accidents ainsi que les abrasions parcourant les carnations. Cela a permis de restituer une lisibilité satisfaisante sur chacune des deux œuvres. Parallèlement à la consolidation structurelle des broderies, cette restauration a donc permis d’harmoniser l’ensemble.
Programme d’étude et de restauration de sculptures médiévales
Dans la perspective de la publication en 2022 du catalogue raisonné des sculptures du Moyen Âge et de la Renaissance, plusieurs études et restaurations ont concerné ce fonds ces dernières années. Ces opérations ont concerné des œuvres aussi diverses qu’une Vierge à l’Enfant italienne de la fin du XVe siècle en terre cuite, un relief en stuc italien du XVe siècle d’après Antonio Rosselino et un relief en pierre catalan du XVe siècle. C’est ainsi qu’a également été entreprise la restauration d’une Tête de Vierge française en calcaire datant du XVe siècle, à l’issue d’une étude qui a confirmé qu’une couche de polychromie ancienne en très bon état subsistait sous d’autres repeints plus récents et sous l’épaisse couche d’encrassement qui la recouvrait et empêchait d’en apprécier la qualité.
Campagne de restauration des céramiques corinthiennes
Depuis 2012, le musée est engagé dans une campagne de restauration du fonds de céramiques corinthiennes (VIIe –Ve siècle avant J.-C.). Les quelque 240 vases de provenances diverses, mais pour une large part issus de la collection d’André Couchaud (acquise en 1863), présentent un fort empoussièrement et pour certains des problèmes de sels qu’il convient de traiter pour éviter des pertes de matière. L’étude scientifique menée conjointement sera publiée dans un volume du Corpus Vasorum Antiquorum (CVA).
Campagne de restauration des objets d’art
Un nombre important d’objets en céramique, en verre, en métal, en laque, en ivoire, en pierre dure, de vitraux et de pièces de mobilier ont été restaurés pour être présentés au public dans le cadre du réaménagement du parcours du département des objets d’art réalisé en 2017.
Cette campagne s’est poursuivie avec l’étude et la restauration de deux vitraux égyptiens, sur lesquels l’attention s’est portée dans le cadre de la préparation du catalogue de la collection des arts de l’Islam (à paraître en 2020). La fragilité de ces vitraux tenait aux techniques de fabrication employées pour leur réalisation. Une intervention était nécessaire car le plâtre étant fragilisé, des morceaux de verre se détachaient, tandis que d’autres avaient disparu, préalablement à l’entrée des vitraux dans la collection du musée, en 1969. Après avoir consolidé la paire, la restauratrice Frédérique Hamadène s’est attachée à restituer la lisibilité des œuvres, en insérant notamment des verres colorés modernes (tous gravés pour les distinguer des verres anciens). Les vitraux ont ainsi retrouvé leur fonction. L’un d’entre eux est, par ailleurs, exposé jusqu’au 10 février 2020 au Museo internacional del Barroco à Puebla, au Mexique, magnifiquement rétroéclairé.
Campagne de restauration du fonds Tony Garnier
Le fonds de dessins de l’architecte Tony Garnier est constitué de près de 370 feuilles qui témoignent de son processus de travail. Suite au récolement effectué en 2016, des campagnes de restaurations sont planifiées régulièrement et selon les degrés d’urgence évalués par une restauratrice spécialisée en arts graphiques. Près de 80 feuilles ont été restaurées jusqu’à présent.
Restauration des allégories du Rhône et de la Saône des frères Nicolas et Guillaume Coustou
Les célèbres sculptures de la place Bellecour sculptures ont été récemment transférées au musée pour y être restaurées, dans un abri aménagé dans le cloître. Les deux sculptures, chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle, rejoindront ensuite le parcours des collections permanentes, où elles n’auront plus à craindre les aléas climatiques, la pollution et le vandalisme.