Pierre Bonnard, Marthe dans la salle à manger au Cannet, 1933
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À VOUS DE VOIR
- Quelles sont les lignes qui rythment l'organisation du tableau ?
- Quels sont les éléments utilisés par l'artiste pour construire un espace pictural (lignes, couleurs, plans) ?
- Observez le choix des couleurs et leur répartition sur la toile. Quel rôle jouent-elles ?
- Quelles sont les caractéristiques du format et du cadrage choisi ?
L'ARTISTE
Pierre Bonnard (Fontenay-aux-Roses, 1867 – Le Cannet, 1947), artiste français.
Très tôt attiré par une carrière artistique, Pierre Bonnard quitte rapidement l’École nationale supérieure des arts décoratifs pour poursuivre des études de droit. Par la suite, il entre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts en 1887 et fréquente l’Académie Julian où il rencontre de jeunes artistes avec lesquels il constitue le groupe des nabis. Féru de japonisme, il retient les caractéristiques des estampes japonaises, qu’il met en œuvre dans ses tableaux mais aussi ses peintures décoratives, affiches et décors de théâtre. Après 1900, Pierre Bonnard se consacre essentiellement à la peinture. Il y renoue avec le modelé et la perspective traditionnelle pour créer des scènes d’intérieur, des natures mortes ou encore des nus. En s’installant en 1912 près de Giverny, où vit Claude Monet, il découvre la peinture de paysages et l’univers clos du jardin qu’il peint souvent dans de grandes compositions. En 1925, Pierre Bonnard gagne Le Cannet, au sud de la France, où il achète une villa nommée « Le Bosquet ». Il aime à y représenter maintes fois Marthe, qu’il épouse la même année. Depuis leur rencontre en 1893, elle est le modèle d’un très grand nombre de nus ou de scènes d’intérieur. Par la suite, Pierre Bonnard fait évoluer son art vers plus de liberté et de complexité, tant au niveau du choix des couleurs que de la construction de l’image. À la fin de sa carrière, il traverse une période d’introspection, durant laquelle il peint des intérieurs et des scènes de rues nocturnes.
L’ŒUVRE
Épouse et modèle de l’artiste, Marthe est ici représentée dans la salle à manger de la villa, récemment achetée par l’artiste au Cannet. Le montant d’une porte-fenêtre, au premier plan, restreint le champ de la représentation et renforce le jeu de lignes verticales auquel fait écho le profil de Marthe. La composition est aussi rythmée par les lignes horizontales des moulures du mur ou encore de la nappe rouge qui occupe le centre du tableau. La présence de la porte fenêtre, mais aussi celle d’éléments tronqués telle la figure sur le côté gauche de la composition, témoignent du désir de Pierre Bonnard, de « montrer ce qu’on voit quand on pénètre soudain dans une pièce, d’un seul coup ». La couleur participe à cette libre circulation du regard. Ainsi les tonalités du vêtement de Marthe dominées par un jaune pâle auquel se mêle du rouge, font écho aux couleurs retenues pour le pan de mur ou encore pour la nappe, sur laquelle vient se détacher le jaune vif d’un citron. Alors que dans cet espace, le regard est canalisé par le cadrage serré de la composition, le jeu des couleurs ouvre sur un monde intime et paisible. Marthe dans la salle à manger au Cannet révèle combien Pierre Bonnard n’a de cesse d’observer son modèle préféré et de lui voler à la dérobée un geste, un mouvement, multipliant dans son œuvre les images du quotidien. Le format allongé en hauteur du tableau rappelle les kakémonos de la tradition japonaise à laquelle Pierre Bonnard s’est intéressé au début de sa carrière.
L'ŒUVRE DANS SON CONTEXTE
- 1928 Premier film surréaliste réalisé par Luis Buñuel et Salvador Dalí, Le Chien andalou.
- 1929 Krach boursier à Wall Street. Dépression économique mondiale des années 30.
- 1930 Gandhi instaure une campagne de désobéissance civile contre le pouvoir colonial britannique en Inde (Marche du sel).
- 1933 Pierre Bonnard, Marthe dans la salle à manger au Cannet
