L'ŒUVRE EN LIGNE
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À VOUS DE VOIR
- Quels sont les éléments qui retiennent ici votre attention ?
- Quelles sont les thématiques privilégiées par l’artiste Léopold Survage ?
- Que peuvent évoquer les lettres dans certaines parties du tableau ?
- Observez la présence humaine dans cette œuvre : que vous évoque-t-elle ?
- Repérez la façon singulière dont l'artiste compose sa représentation. Que permet cette démultiplication de points de vue ?
- Observez les éléments du paysage : certains sont vus en gros plan tandis que d’autres sont plus éloignés. Que liens pouvez-vous faire avec le développement de la photographie et du cinéma ?
L’ARTISTE
Léopold Friedrich Sturzwage, dit Survage (Moscou, 1879 – Paris, 1968), artiste russe.
En 1901 Léopold Survage entre à l’École des Beaux-Arts de Moscou. L’échec de la révolution de 1905, dont il fut un membre actif, puis les représailles tsaristes qui suivent, l’incitent à quitter la Russie pour Paris, où il arrive en 1908.
Tout en gagnant sa vie comme accordeur de pianos, Léopold Survage fréquente brièvement l’Académie d’Henri Matisse et se lie avec Guillaume Apollinaire, Robert et Sonia Delaunay, Pablo Picasso, et Gino Severini.
Après avoir participé en 1910 à la première exposition du Valet de Carreau organisée par Mikhaïl Larionov à Moscou, l’artiste expose régulièrement au sein des Salons parisiens.
Si sa peinture témoigne, à partir de 1913, de l’influence du cubisme analytique, Léopold Survage la détourne de manière personnelle, puisqu’à la différence de la plupart des artistes de ce mouvement qui privilégient le portrait et la nature morte, il aborde le paysage.
Quant à la série Rythmes colorés, dont le musée possède une œuvre de 1913, elle s’oriente vers des compositions abstraites, aux formes dynamiques et aux tons vifs et fait de l’artiste un des pionniers de l’abstraction.
L’ŒUVRE
L’œuvre est composée d’une juxtaposition d’images fragmentées de forme géométrique, évoquant la technique du collage. Ce faisant, les usines ne sont plus perçues à partir d’un point de vue unique et stable, mais décomposées pour que leurs multiples facettes soient vues simultanément. L’artiste introduit ainsi une réflexion sur le temps et l’espace, dont témoigne le jeu de focalisation des éléments du paysage. Ces derniers occupent tour à tour le premier plan de la toile ou apparaissent comme de simples détails. Ce mouvement rappelle celui d’un appareil photographique ou encore d’une caméra.
Les façades impersonnelles des immeubles aux nombreuses fenêtres identiques, les usines et leurs cheminées fumantes, les affiches publicitaires et leur lettrage envahissant, la présence d’un train ou encore d’un avion, évoquent la modernité et ses nombreux bouleversements : urbanisme, industrialisation, progrès technologiques, etc. Mais ces éléments témoignent tout autant de l’anonymat de la ville, de l’aliénation du travail en usine, ou encore de la Première Guerre mondiale.
Léopold Survage ajoute à sa composition des éléments végétaux : des feuilles de marronnier ou de platane suggèrent, par leur couleur, les saisons, le temps qui passe. Au premier plan, un homme vêtu d’une veste bleue et portant une casquette mouchetée, place l’humain au cœur de la réflexion de l’artiste sur la modernité. Avec d’autres vues urbaines, Les Usines, a sans doute figuré, sous la rubrique « Maisons », dans la première exposition personnelle de l’artiste qui s’est tenue à Paris en 1917.
L'ŒUVRE DANS SON CONTEXTE
- 1912 Premiers collages de Braque et Picasso.
- 1912 M. Larionov élabore le rayonnisme, synthèse russe du cubisme, du futurisme et de l’orphisme.
- 1913 Premier ready-made de M. Duchamp.
- 1914 Léopold Survage, Les Usines, 1914