L'ŒUVRE EN LIGNE
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À VOUS DE VOIR
- Quelles sont les couleurs utilisées dans ce tableau ? Comment sont-elles traitées ?
- Comment les couleurs s’organisent-elles les unes par rapport aux autres ? Dans quel but ?
- Observez le corps de cette femme. Quelle est sa position ? Quel rôle cela joue-t-il dans la composition du tableau ?
- Cette œuvre est une des dernières peintures de chevalet d’Henri Matisse qui privilégie par la suite des gouaches découpées. Comment ce travail s’annonce-t-il ici ?
L’ARTISTE
Henri Matisse (Cateau-Cambrésis 1869 – Nice en 1954), artiste français.
Après des études de droit, Henri Matisse s’installe à Paris en 1891 pour se consacrer à la peinture. Admis à l’École des beaux-arts en 1895, il fréquente l’atelier de Gustave Moreau. Plus tard, la découverte d’œuvres néo-impressionnistes l’amène à explorer les possibilités de la couleur. Lors du Salon d’Automne de 1905, il expose des œuvres dont les couleurs pures et violentes posées en aplats font scandale. Cet événement marque le début du fauvisme dont il est l’un des chefs de file. En 1908, il publie «Notes d’un peintre » où il expose ses théories sur l’art. Par la suite, il effectue divers voyages, notamment au Maroc entre 1912 et 1913, qui enrichissent son œuvre. Non mobilisé pendant la guerre de 1914-1918, Henri Matisse réside dans le midi où, jusqu’à la fin des années 1920, il travaille presque exclusivement sur la représentation du corps féminin. En 1930, la recherche d’une autre lumière et d’un autre espace le conduit à entreprendre un long voyage pour Tahiti. Pendant la Seconde Guerre mondiale, atteint d’un cancer, Henri Matisse est hospitalisé à Lyon. Pendant sa convalescence, peu mobile, il invente la technique des gouaches découpées et commence en 1943, la série destinée à illustrer son livre Jazz (1947). Peu après, il commence à travailler au décor de la chapelle du Rosaire de Vence. En 1952, il inaugure le musée Matisse du Cateau-Cambrésis, sa ville natale.
L’ŒUVRE
Au centre de la composition, allongée selon une diagonale, une femme semble se reposer. Vue en plongée, elle est vêtue d’une robe blanche aux reflets bleu pâle qui se détache sur une pelisse grise, tachetée de brun, recouvrant un fauteuil. L’espace dans lequel la jeune femme s’inscrit semble indéfini. Il résulte des couleurs et des sensations qu’elles produisent mais aussi des relations existantes entre celles-ci, les lignes et les plans. Au sol, un rouge intense semble se dilater, alors que dans la partie supérieure du tableau des touches de jaunes et de vert clair juxtaposées éclairent la composition. De part et d’autre, des plages de bleu délimitent la surface du tableau et paraissent vouloir le prolonger indéfiniment.
Quelques années avant de réaliser cette toile, Henri Matisse a effectué plusieurs voyages en avion, qui ont bouleversé sa perception de l’espace. Si, lorsqu’il peint cette toile, l’artiste est malade et contraint de choisir un format réduit, il tente pourtant d’y ouvrir un espace infini, en accord avec cette vision du ciel qui l’a tant marqué : « La dimension d’une toile importe peu. Ce que je veux toujours donner c’est la sensation d’espace » confie-t-il en 1952. Ces couleurs juxtaposées, qui résonnent par leur intensité, rappellent également cette phrase d’Henri Matisse : « Un ton seul n’est qu’une couleur, deux tons c’est un accord, c’est la vie » et permettent de mieux comprendre le concept de couleur-lumière qui caractérise l’ensemble de ses recherches.
Renonçant progressivement aux détails, l’artiste privilégie des formes simplifiées. Ainsi le visage du modèle se résume-t-il à quelques traits, tandis que les mains ne sont pas figurées. Des lignes viennent souligner le contour de certains éléments comme les bras, la robe de la femme ou encore le feuillage de la plante verte.
En 1946, un film réalisé par François Campaux, montre le peintre face à son modèle en train de réaliser l’œuvre. Cet extraordinaire témoignage permet de prendre conscience que malgré la spontanéité apparente de la touche, l’artiste passe des heures à élaborer cette peinture. Chaque ligne, chaque forme est travaillée patiemment et lentement.
Jeune femme en blanc, fond rouge, fait partie des dernières peintures de chevalet de l’artiste qui, dans les dernières années de sa vie, va se consacrer à d’autres projets plastiques, notamment aux gouaches découpées. Peint à Vence, quelques mois après la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce tableau évoque pourtant paix et sérénité.
L'ŒUVRE DANS SON CONTEXTE
- 1945 Conférence de San Francisco : naissance de l’ONU.
- 1945 Capitulation allemande. Fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe (Mai).
- 1945-1946 Procès de Nuremberg : 24 des principaux responsables du IIIe Reich sont jugés pour crimes contre la paix, crimes de guerres et crimes contre l’humanité.
- 1946 Henri Matisse, Jeune Femme en blanc, fond rouge (Modèle allongé, robe blanche), 1946