Gino Severini, La Famille du peintre, 1936

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À VOUS DE VOIR

  1. Observez la disposition, les attitudes et les expressions des trois personnages : que se dégage-t-il de ce portrait de famille ?
  2. En quoi les couleurs et les lignes participent-elles à cet effet ?
  3. Hormis les personnages, décrivez les autres éléments présents dans l'image. Que peuvent-ils nous apprendre sur les trois modèles ?
  4. Comment l’artiste utilise-t-il ces détails pour inscrire ce portrait dans son époque ?
  5. D’après vous, quelles ont été les sources d’inspiration anciennes et contemporaines du peintre Gino Severini pour la composition de cette œuvre ?

L’ARTISTE

Gino Severini (Cortone, 1883 – Meudon, 1966), peintre italien.
Installé à Paris en 1906, Gino Severini fait tout d’abord le choix de la modernité et de l’avant-garde. Après la publication du Manifeste du futurisme en 1909 par Filippo Tommaso Marinetti, il s’associe ainsi au mouvement futuriste, dont il sera le principal représentant à Paris. Pendant la Première Guerre mondiale il revient à une figuration réaliste et à un certain classicisme. Puis, dans les années 1920, il étudie les œuvres des peintres primitifs, en s’attachant plus particulièrement à l’art de la fresque. De retour en Italie en 1935, pour une dizaine d’années, Gino Severini rejoint le mouvement artistique italien novecento, qui prône « un retour à l’ordre » et encourage les artistes à reconsidérer la tradition des maîtres anciens.

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L’ŒUVRE

Se détachant sur un fond gris moucheté et reprenant les poses des portraits photographiques de l’époque, trois modèles, l’artiste, sa femme Jeanne et sa fille Gina, font face au regard du spectateur. Les personnages à l’expression figée et quelque peu sévère sont immobiles, dans une stricte frontalité.

Le groupe forme une composition triangulaire qui, renforcée par le format vertical du tableau, crée une impression de monumentalité. Pour cette oeuvre Gino Severini s’est probablement inspiré des antiques portraits du Fayoum (Portrait de jeune femme habillée d'un vêtement pourpre) ou bien encore des mosaïques byzantines de la basilique de Ravenne. Il introduit également au sein de celle-ci des références plus actuelles, comme le montre le pointillisme du fond et la touche divisée des motifs de la robe évoquant le futurisme. L‘aspect solennel est atténué par la présence anecdotique d’éléments du quotidien comme le journal tenu par Jeanne, le livre de Gina qui fait allusion à son activité de relieuse, ou encore la blouse de l’artiste et le pigeon qui selon l’artiste n’aurait aucune valeur symbolique.

De même, l’austérité émanant de la dominante gris-blanc se montre tempérée par les touches orange du pull et jaune de la couverture du livre, couleurs plus vives que l’artiste oppose aux tonalités vertes ambiantes.

La Famille du peintre, constitue le plus ambitieux des portraits de l’artiste consacrés à ses proches. Cette œuvre remporta un vif succès au cours des prestigieuses manifestations où elle fut exposée, telle la Biennale de Venise de 1936.

L'ŒUVRE DANS SON CONTEXTE

  • 1933 30 janvier: Arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne après sa nomination comme chancelier.
  • 1933 Le président américain Roosevelt lance le « New Deal », politique interventionniste de l’État pour lutter contre la dépression économique.
  • 1935 Lois de Nuremberg sur la préservation de la « race allemande ». Lois discriminatoires et antisémites.
  • 1936 Gino Severini, La Famille du peintre, 1936