L'ŒUVRE EN LIGNE
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À VOUS DE VOIR
- Observez les lignes, les formes, les couleurs. Quelles sont vos premières impressions devant ce tableau ?
- Le titre donné à la composition fait référence à Niobé, personnage de la mythologie grecque. Repérez les éléments qui permettent au peintre d'évoquer ce personnage.
- Dans la légende, Niobé est transformée en pierre. Comment le processus de métamorphose est-il suggéré dans le tableau ?
- Le tableau est peint en 1947. Pourquoi André Masson s'inspire-t-il du mythe de Niobé pour créer ce tableau à ce moment-là ?
L’ARTISTE
André Masson (Balagny-sur-Thérain, 1896-Paris, 1987), artiste français
L’adolescence d’André Masson se déroule à Bruxelles où il se forme à l’Académie royale des Beaux-Arts et à l’école des Arts décoratifs. En 1912, il se rend à Paris et entre à l’École nationale des Beaux- Arts où il fréquente, entre autres, l’atelier de Raphaël Collin. Pendant la Première Guerre mondiale, l’artiste est très grièvement blessé lors de l’offensive du Chemin des Dames en 1917. De retour à Paris en 1920, son œuvre est très marquée par le cubisme analytique et la peinture métaphysique de Giorgio de Chirico. A partir de 1924, date de sa rencontre avec André Breton, l’artiste se lie aux surréalistes, participe activement aux revues et expositions du groupe, réalise des dessins automatiques ainsi que ses premiers tableaux de sable.
En 1941, André Masson s’installe aux Etats-Unis, de retour en France en 1945, il travaille des toiles qui, à l’image de Niobé, reflètent l’angoisse liée à la guerre.
Par la suite, l’artiste déménage au Tholonnet, près d’Aix-en-Provence. Il connaît alors une période d’apaisement et se tourne vers des peintres comme Auguste Renoir ainsi que vers l’art oriental. En 1965, André Malraux lui confie le décor du plafond du théâtre de l’Odéon, tandis que la même année une rétrospective au Musée national d’art moderne est organisée. Dix ans plus tard, une exposition personnelle au Museum of Modern Art de New York signe sa consécration.
L’ŒUVRE
Un réseau de lignes traverse l’ensemble de la composition et vient organiser le traitement des couleurs qui s’entremêlent au centre en un mélange de bleus, rouges et violets tandis qu’en périphérie des aplats de rouge, jaune, vert et orange les entourent et viennent les densifier. Une forme triangulaire semble progressivement émerger de ce foisonnement de lignes et de couleurs. On peut y déceler les indices d’un corps : tête renversée en arrière, bras repliés de part et d’autre d’un visage à la chair grise, comme autant d’éléments qui suggèrent la douleur. A côté, une autre forme, étrange, de couleur jaune et rouge peut être interprétée de différentes manières.
Le titre de l’œuvre fait référence à un personnage de la mythologie grecque, dont l’histoire est contée par Ovide dans ses Métamorphoses. Niobé, reine de Thèbes, verra ses sept garçons et ses sept filles tués par Apollon et Artémis, les deux enfants de Léto, dont elle s’était moqué. Folle de douleur, elle est métamorphosée en rocher, d’où ne cesseront de couler ses larmes. André Masson s’inspire du mythe et rend compte de cette transformation à travers un traitement très graphique du corps, qui apparaît ici déjà minéralisé.
L’artiste reprend une illustration qu’il avait réalisée pour l’ouvrage de Georges Duthuit, Le serpent dans la galère, publié à New York en 1945. Cette gravure en noir et blanc, est accompagnée d’un texte, qui décrit la libération de Paris et l’avancée d’un char dans un paysage dévasté : « Il y avait, pour le divertissement du guerrier, des Niobé à genoux sur le bord du talus, hurlant de désespoir ».
André Masson utilise le mythe de Niobé pour rendre hommage à la figure maternelle durement éprouvée par le récent conflit de la Seconde Guerre mondiale, tout en donnant à son œuvre une portée universelle.
L'ŒUVRE DANS SON CONTEXTE
- 1946-1958 IVe République.
- 1946-1954 Guerre d'Indochine.
- 1946 Présentation du premier ordinateur à l'université de Pennsylvanie.
- 1947 André Masson, Niobé, 1947.