Composition
Information sur l’artiste
Serge Poliakoff [Moscou, 1900-Paris, 1969]
Menacé par la Révolution d’Octobre, Serge Poliakoff fuit la Russie en 1917. Après quelques années d’errance, son installation à Paris précipite sa décision de se consacrer à la peinture – jusqu’alors son activité de guitariste lui permettait de gagner sa vie. Alors qu’il cherchait depuis longtemps son expression picturale, la rencontre dans les années 1930 de Robert et Sonia Delaunay, de Wassily Kandinsky et d’Otto Freundlich permet à Poliakoff de trouver sa voie. Il emprunte à ce dernier la grille picturale faite d’un agencement en mosaïque de formes colorées. Mais Poliakoff y apporte un traitement de matière et de couleur très différent. Par ailleurs, dans ses interactions de champs chromatiques, le motif n’existe plus.
Après la Seconde Guerre mondiale, il devient l’un des principaux représentants de l’abstraction de la Nouvelle École de Paris, participant au Salon des Réalités nouvelles dès 1947, exposant à plusieurs reprises chez Denise René, soutenu par des critiques engagés tels que Dora Vallier et Michel Ragon. En mêlant ses racines russes, la tradition des icônes byzantines et son intérêt pour des modèles contemporains, Poliakoff s’est forgé un art très singulier entre expression archaïque et contemporanéité.
La Composition exécutée en 1964 est exceptionnelle par sa taille et témoigne des dernières années de création de l’artiste : les formes colorées s’agencent plus librement et transforment le tableau en un pur espace pictural. L’artiste parvient à l’équilibre grâce à la disposition de plages colorées vibrantes qui créent des effets de profondeur par les jeux de contrastes et de transparences. « Quand un tableau est silencieux, cela signifie qu’il est réussi. Certains de mes tableaux commencent dans le tumulte. Ils sont explosifs. Mais je ne suis satisfait que lorsqu’ils deviennent silencieux. Une forme doit s’écouter et non pas se voir. » (Poliakoff, 1956)
Huile sur toile signé et daté en bas à gauche Serge Poliakoff, 64
H. 162 ; L.130 cm
Don de Madame et Dr Léon Crivain en 2019
© ADAGP Paris 2020
Image © Lyon MBA – Photo Martial Couderette