Originaire de Belgique, Jean Raine se rapproche des surréalistes belges alors qu’il est encore lycéen. Autre rencontre essentielle, les artistes du groupe Cobra -dont Alechinsky- qu’il rencontre en 1945, et dans la proximité desquels il se met à peindre. Dès 1947, il fait de fréquents séjours à Paris, se lie avec les surréalistes français et travaille pour la cinémathèque française. À partir de 1957, il peint de plus en plus régulièrement tout en poursuivant son écriture poétique.

Un long coma éthylique, en 1961, le décide à se consacrer, avec son épouse Sanky, à la réadaptation des malades mentaux. Ayant perdu la perception des couleurs, il commence alors une première série d’encres dont il agrandit les formats quand il se rend en 1965 sur l’île de Comaccina et lorsqu’il réside à San Francisco de 1966 à 1968 : de ce séjour date la réintroduction de la couleur et l’exécution des premières peintures acryliques. De retour en France en 1968, Raine s’établit à Rochetaillée près de Lyon.

Cette encre, à l’écriture cursive, est uniformément constituée par un grouillement de formes entre abstraction et figuration d’où surgissent trois visages. La composition est dominée par une tête renversée, démesurément agrandie, aux yeux exorbités mais au regard absent qui semble devoir sa déformation à un miroir, une tête-masque qui fait allusion aux créatures de James Ensor. L’artiste ne cherche pas seulement à refléter son inconscient mais rappelle que sa démarche est aussi inspirée par l’humour : « Ce que cet humour prend pour cible (...) est l’image convenue de ce que l’on considère comme la représentation du fantastique et l’expression du tragique. »