Meubles d'une chambre à coucher

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Quel genre d'œuvre est-ce ?

Ce sont des pièces de mobilier en bois, avec des ornements en bronze doré. Elles proviennent de l'hôtel particulier qui appartenait aux Récamier. La torchère était même un des éléments de la chambre de Juliette.


Qui est l'artiste ?

Ces meubles-ci ne sont pas estampillés, mais d'autres le sont. On pense qu'ils ont été exécutés par la maison Jacob frères, ébénistes réputés.

Comment sont nés ces objets d'art ?

Ces meubles ont été créés vers 1800. Juliette Récamier et son mari ont demandé à l'architecte Louis-Martin Berthault de concevoir la décoration de leur hôtel particulier. Celui-ci a fait exécuter par la maison Jacob frères plusieurs meubles d'après leurs goûts.
Les témoignages écrits ou dessinés des visiteurs montrent leur admiration pour l'élégance de la décoration et le raffinement de l'ameublement.

Quelles sont les caractéristiques de ce mobilier ?

Cet ensemble annonce ce qu'on appellera le style Empire. Les formes sont géométriques, les lignes sont droites, la disposition des éléments est symétrique.
Les matériaux sont précieux : du marbre, des bois tropicaux comme l'acajou et l'ébène.
Les meubles ne sont pas peints ; les bois sont vernis, les ornements sont en bronze doré. On a joué sur la confrontation des couleurs des différents matériaux : brun, doré…
Ce mobilier montre la fascination pour l'Antiquité de la période néo-classique.

En quoi ces meubles s'inspirent-ils de l'Antiquité ?

La décoration représente des personnages de la mythologie gréco-romaine (les dieux, des Amours), et des ornements inspirés de l'architecture antique (colonnettes, chapiteaux, motifs végétaux). Elle révèle un engouement consécutif du développement de l'exploration de sites antiques tels que Herculanum ou Pompéi.

Quelques motifs particuliers :

Le lit est court et large, encadré de hauts montants incurvés . Les ornements en bronze doré et ciselé, créent une frise : cols de cygne, motifs végétaux, visages de profil en médaillon 


Le cygne : Est-ce l'animal emblématique de Vénus ou une allusion à Zeus métamorphosé sous cette apparence pour approcher et séduire la belle mortelle Léda ?
Le motif du cygne connaîtra un essor considérable sous l'Empire.

Contenu droite

Cette table de nuit, haute et étroite, avec des colonnettes, ressemble à un petit autel antique.

Sur la porte, une figure en relief représente peut-être la déesse Fortuna : Fortuna est la déesse romaine de la « fortune, de la chance, du hasard ». Elle préside à l'accompagnement du jeune garçon vers l'âge adulte, de la fille à son mariage. C'est elle aussi qui fait basculer les mortels selon les caprices du sort vers la fortune ou la pauvreté, la puissance ou la servitude. Elle est également sollicitée pour les voyages, le commerce, etc.

Ses représentations la montrent généralement sous l'apparence d'une femme juchée sur un globe ou une roue, tenant une corne d'abondance ou un gouvernail. Ici, elle se tient une natte de cheveux dans chaque main, évoquant la maxime « il faut saisir la fortune par les cheveux ».

Sur la plinthe, un ornement très finement ciselé montre en son centre une Tête de Méduse : Méduse e st l'une des trois Gorgones, ces monstres à la grimace repoussante et effroyable, qui pouvaient transformer en roc l'infortuné qui croisait leur regard. Cependant, contrairement à ses deux sœurs, Méduse était à l'origine une mortelle d'une éclatante beauté, avant d'être transformée en Gorgone par Athéna. Ce face-à-face impossible était également devenu, pour les Grecs et les Romains, une manière de symboliser la beauté sublime d'une femme capable de vous « méduser » d'un seul regard.

Outre le motif des cols de cygne qui soutiennent la jardinière, la porte de la table de nuit est ornée d'un motif en bronze doré, représentant Amour (Cupidon ou Eros) : figure indissociable de la déesse Venus (Aphrodite), il officie à ses côtés tant parmi les mortels que chez les Dieux ; personne n'échappe à ses traits, et tout être piqué de ses flèches est porté vers un subit amour.

Sa représentation le montre arborant un arc et ses flèches, parfois associé aussi au cygne puisque cet animal est un des attributs de Vénus-Aphrodite.

Pattes de lion :

De nombreux objets antiques reposent sur des pieds en forme de têtes ou pattes d'animaux, réels (lion…) ou fantastiques (griffon…).
Le motif des pattes de lion est très courant dans l'Antiquité. Il évoque l'Orient (Mésopotamie, Egypte, Afrique noire) et est souvent symbole de force, de puissance et de souveraineté. Allusion possible aussi au lion de Némée vaincu par Hercule et dont ce dernier se revêtira de la peau, à la fois cuirasse et emblème de sa puissance protectrice.
Il peut en outre renvoyer aux êtres fabuleux et hybrides que sont les sphinx, les chimères, les griffons...


La torchère :

Tous les décors apparaissent en rehaut et, par leur couleur bronze dorée, surlignent le fond plus sombre du reste de la pièce.
Cet élément de mobilier, à l'ornementation très marquée, a pu être utilisé pour l'éclairage des pièces ; il faudrait alors imaginer l'œuvre, à la lueur de cette multitude de bougies fumantes.