Acquisitions 2012

Ingres, L'Arétin et l'envoyé de Charlequint
Contenu

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint, 1848

Ingres, L'Arétin et l'envoyé de Charlequint

Huile sur toile, H. 41,5 ; L. 32,5 cm. Achat avec le concours du Club du musée Saint-Pierre, du Cercle Poussin, de l’État et de la région Rhône-Alpes dans le cadre du Fonds régional d’acquisition des musées (FRAM), ainsi que de mille cinq cents trente-six donateurs dans le cadre de la souscription publique réalisée avec le soutien de la Fondation Bullukian en 2012

Opportunité rare sur le marché de l’art, l’acquisition de cette œuvre importante rend hommage à un peintre parmi les plus influents qui laissa une marque très forte sur la création de ses contemporains à Lyon. Son entrée dans les collections lyonnaises permet de compléter l’ensemble de peintures du XIXe siècle en donnant à cet artiste une place à sa juste mesure. L’Arétin et l’envoyé de Charles Quint illustre un épisode, plus ou moins légendaire, de la vie de Pietro Aretino (1492-1556) dit l’Arétin, célèbre écrivain italien de la Renaissance. Installé à Venise, il s’affirme comme un esprit libre et brillant, n’hésitant pas à critiquer rois et puissants. L’empereur Charles Quint lui envoie ici l’un de ses messagers pour qu’il lui remette une chaîne en or afin d’acheter sa complaisance. Avec insolence, le poète la refuse en répliquant que « c’est là un bien mince cadeau pour une si grande sottise ». Outré par cette injure, l’envoyé impérial porte sa main à la garde de son épée. À l’arrière-plan, deux femmes nues observent la scène.
L’écrivain dont la vie licencieuse était célèbre, semble avoir été surpris dans un moment inopportun, ajoutant un caractère galant au tableau. L’Arétin et l’envoyé de Charles Quint a rejoint, dans les salles du musée, le 13 février 2013, deux études peintes par l’artiste pour L’Apothéose d’Homère en écho avec la peinture "troubadour" lyonnaise.

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Jacques Stella (1596-1657), L’Enlèvement des Sabines, vers 1650

Plume et encre brune sur tracé à la pierre noire, lavis gris, rehauts de gouache blanche, reprises à la plume et encre brune, H. : 35,2 ; L. : 54,4 cm. Don en 2012 de l’Association des Amis du musée des Beaux-Arts de Lyon.

Stella, Enlèvement des Sabines
Jacques Stella,
L'Enlèvement des Sabines, vers 1650.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset

Le musée des Beaux-Arts de Lyon s’attache tout particulièrement à étudier et à promouvoir l’œuvre de Jacques Stella, le plus illustre des peintres lyonnais du XVIIe siècle, auquel il a consacré une rétrospective du 17 novembre 2006 au 19 février 2007. La générosité des Amis du musée des Beaux-Arts de Lyon permet d’offrir au public, dans la ville qui a vu naître Stella, la vision la plus complète qui soit de son œuvre. Le musée de Lyon compte ainsi dans son fonds neuf tableaux de Jacques Stella, parmi lesquels un Autoportrait, dans lequel le peintre s’est représenté une feuille ornée d’un dessin à la sanguine à la main, soulignant par là même la dimension première du dessin dans l’activité du peintre. Sont également conservés dans le cabinet des arts graphiques du musée quatre dessins de Jacques Stella, mais aucun qui soit de l’envergure et de l’importance de ce dessin.  Cet Enlèvement des Sabines est préparatoire à une composition peinte conservée au musée de l’Université de Princeton. Si le nombre de dessins de Stella conservés qui trouvent leur fin en soi est relativement important, ses dessins préparatoires sont, pour leur part, beaucoup plus rares. Reprenant dans son Ve Entretien le témoignage laissé par la nièce du peintre, Claudine Bouzonnet-Stella, André Félibien rapporte que « le plus souvent il disposait d’un coup ses sujets sur la toile même, sans en faire aucun dessein, particulièrement quand les figures n’étoient que d’une grandeur médiocre ». Comme le dessin préparatoire à L'Enlèvement des Sabines le montre bien, Stella commençait par camper à la plume et à l’encre les premiers contours de sa composition, qu’il rehaussait dans un second temps de lavis, puis de rehauts de blanc. Dans ce cas précis, on observe des reprises de figures à la plume et à l’encre brune localisées en bas à senestre de la composition. La composition retenue par Jacques Stella pour cet Enlèvement des Sabines permet également de lier son œuvre à celle de son ami Poussin, représentée depuis peu au musée des Beaux-Arts de Lyon par la Fuite en Égypte. Poussin est en effet l’auteur de deux célèbres Enlèvement des Sabines qui n’ont pu manquer d’inspirer Stella, qui choisit, lui aussi, de scander l’action au moyen de trois groupes de figures. Stella semble par ailleurs adopter ici le mode phrygien « véhément, furieux, très sévère », tel que défini par Poussin dans sa fameuse lettre du 24 novembre 1647, alors même qu'il est davantage connu pour ses compositions empreintes de gravité et de sérénité.

 

Matrice de bronze gravée sur une face d’un cheval cabré vers la droite au dessus d’un annelet

Gaules, milieu du Ier siècle av. J.-C., coin monétaire en bronze
Une trouvaille archéologique de premier plan

En 2011, un coin monétaire gaulois a été découvert à Lentilly (Rhône). Déposé au Médaillier de Lyon pour étude, il a ensuite été donné au musée par ses inventeurs. Il s’agit d’un outil destiné à la fabrication de monnaies anciennes que nous ne connaissions pas auparavant. Condamnés à être détruits après utilisation, les coins monétaires antiques sont rarissimes. Celui-ci a servi à frapper des deniers en argent de type éduen, important peuple gaulois du centre-Est de la Gaule. Ces monnaies sont plus ou moins contemporaines de la Guerre des Gaules opposant Jules César à la coalition menée par Vercingétorix vers 50 avant notre ère. L’étude scientifique a été publiée en septembre 2012 dans les Cahiers Numismatiques et le coin est actuellement présenté dans la vitrine du médaillier consacrée à nos meilleures monnaies celtiques.

 

Jean Joseph Xavier Bidauld (1756-1846), Vue de Tivoli

Huile sur toile, H.  27 cm, L. 33 cm. Don de Brigitte et Jacques Gairard en 2012

Jean Joseph Xavier Bidauld, Vue de Tivoli, après 1785.
Jean Joseph Xavier Bidauld,
Vue de Tivoli, après 1785.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset

Formé à Lyon, auprès de son frère Jean Pierre Xavier, ainsi qu’à l’école de dessin, Bidauld gagne Paris en 1783 où il se spécialise dans le paysage et obtient le soutien du marchand Dulac. Ce dernier lui finance un séjour en Italie pendant cinq années, durant lesquelles le peintre sillonne la campagne romaine. Plusieurs représentations de vues de Tivoli par Bidauld nous sont connues ; celle-ci adopte un point de vue moins habituel, car elle élude les gorges et les célèbres cascatelles qui fascinaient les voyageurs. La mise en valeur de la végétation et de la lumière prime ici sur l’effet de pittoresque. Le statut de ce tableau de petites dimensions demeure ambigu. Contemporain de Pierre Henri de Valenciennes, l’artiste adopte sa pratique de l’étude en plein air qui révolutionne le genre du paysage autour de 1800. Il est difficile de déterminer avec certitude si cette composition, à la facture libre, relève de cet exercice ou constitue une œuvre achevée réalisée en atelier.

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