La Lapidation de saint Etienne
Information sur l’artiste
Rembrandt Harmensz Van Rijn [Leyde, 1606 - Amsterdam, 1669]
La Lapidation de Saint Etienne, 1625.
Image © Lyon MBA - Photo Alain Basset
Cette Lapidation de saint Etienne de Rembrandt a été achetée en tant que telle en 1844, mais, très vite, l’attribution à ce maître a été remise en cause. Il a fallu attendre 1962 pour que l’historien d’art Hans Gerson relève sa signature accompagnée de la date de l’œuvre et lui réattribue le tableau. De fait, cette oeuvre ne présente pas les caractéristiques que l’on attend communément d’une œuvre de Rembrandt, car elle a été réalisée en 1625, alors que Rembrandt a à peine vingt ans et qu’il reste très tributaire de l’art de son maître Pieter Lastman, le peintre d’histoire le plus réputé d’Amsterdam, dont il vient de quitter l’atelier. Le jeune peintre se distingue néanmoins de son maître par l’expressivité et la tension dramatique qu’il imprime à son œuvre. Il scinde ainsi de manière radicale la composition en un premier plan envisagé à contre-jour et un second plan en pleine lumière, l’oblique des rayons de la lumière divine délimitant ces deux zones. Les gestes suspendus des lapidateurs, la tension de leur corps, l'expression marquée de leur visage grimaçant et la calme béatitude du saint sont autant d'éléments qui dynamisent l'ensemble et théâtralisent l'instant.
L’artiste y dépeint le martyre de saint Étienne, jeune diacre de la communauté chrétienne de Jérusalem, qui fut condamné à mort par lapidation à la suite de faux témoignages (Nouveau Testament, Actes des Apôtres, 7, 55-60). Il représente le moment précis où, poussé hors des murs de la ville par la foule hostile, Etienne est encerclé par ses persécuteurs qui s'apprêtent à lui jeter des pierres. Tombé à genoux, il semble invoquer le Ciel, le rayon de lumière qui l'illumine pouvant faire allusion à une vision divine située hors champ.
Rembrandt a introduit son autoportrait, juste au-dessus de la tête du saint, ainsi, semble-t-il, que le portrait de son jeune confrère et ami Jan Lievens, sous la main de ce même saint. Ce tableau pourrait avoir été commandé, ainsi qu’une Scène historique conservée à Leyde, par Petrus Scrivenius, un historien du parti des Remontrants, une doctrine protestante s’opposant à la pensée de Calvin sur le sujet de la prédestination. Ce premier autoportrait connu de Rembrandt, dans une scène qui peut apparaître comme un manifeste contre la persécution exercée à l’encontre de ces Remontrants, peut être considéré comme le témoignage de son engagement spirituel.
1625
Huile sur bois
H 89 ; L 123 cm
Achat en 1844
Inv. A 2735