Les allégories du Rhône et de la Saône entrent au musée

coustou rhone et saone
Contenu gauche
Opération de sauvegarde de deux chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle

Les allégories du Rhône et de la Saône des frères Nicolas et Guillaume Coustou ont été récemment transférées au musée pour y être restaurées, dans un abri aménagé dans le cloître. Les deux sculptures, chefs-d’œuvre du XVIIIe siècle, rejoindront ensuite le parcours des collections permanentes, où elles n’auront
plus à craindre les aléas climatiques, la pollution et le vandalisme.  

 
De leur conception jusqu’à nos jours

Au Moyen Âge, à l’emplacement de l’actuelle place Bellecour, se situait le « pré de Belle Cour », destiné aux troupeaux de bergeries. Au XVIIe siècle, du temps d’Henri IV, une place y fut aménagée. Sous le règne de Louis XIV, cette place acquit le statut de place royale, lieu destiné symboliquement à célébrer la grandeur de la royauté. Elle prit alors le nom de « place Louis le Grand ». Autour d’elle, furent construits des édifices tous identiques, dont les façades furent dessinées par le premier architecte du roi, Robert de Cotte. 

En 1686, le consulat lyonnais commanda une statue équestre de Louis XIV pour figurer au centre de la nouvelle place Louis Le Grand. Réalisée par Martin Desjardins (Bréda, 1637 – Paris, 1694), elle fut livrée à Lyon en 1701 et inaugurée en 1713. 
En 1714, deux allégories en bronze du Rhône et de la Saône furent commandées à Nicolas (Lyon, 1658-Paris, 1733) et Guillaume Coustou (Lyon, 1677-Paris, 1746), sculpteurs lyonnais de renom, membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture, ayant participé aux travaux de décoration des châteaux de Versailles et de Marly, ainsi qu’à ceux de grandes églises parisiennes (Notre-Dame, les Invalides, Saint-Roch, Saint-Paul-Saint-Louis).

Contenu droite

En 1721, les deux sculptures furent installées sur le piédestal de la statue équestre. Durant la Révolution, la statue équestre de Louis XIV fut fondue pour être transformée en canons. Le Rhône et la Saône furent sauvés et mis à l’abri dans l’atrium de l’hôtel de Ville. 

En 1825, une nouvelle statue équestre représentant Louis XIV fut inaugurée place Bellecour. Sa réalisation avait été confiée à François-Frédéric Lemot (Lyon, 1771 – Paris, 1827), un sculpteur originaire de Lyon qui fit une carrière brillante. Lemot obtint que les bronzes des frères Coustou ne furent pas réinstallés place Bellecour lorsque la nouvelle statue équestre qu’il avait conçue fut mise en place, car il craignait que leur présence ne dénaturât son œuvre. 

Ce n’est qu’en 1957 que Le Rhône et la Saône rejoignirent la place Bellecour, à l’initiative du maire de Lyon, Edouard Herriot. Ils furent alors placés en partie basse du socle de la statue équestre de Lemot, plus petit que celui qui supportait la statue équestre de Desjardins fondue à la Révolution. Pour assurer une meilleure protection aux deux œuvres, leur classement au titre des Monuments historiques comme objets mobiliers fut décidé en 1959. 

Contenu

 

coustou saone
Nicolas Coustou,
La Saône, 1721.
©Muriel Chaulet
Une nécessaire restauration
coustou rhone
Guillaume Coustou,
Le Rhône, 1721.
© Muriel Chaulet

Exposés aux intempéries et à la pollution atmosphérique, Le Rhône et La Saône sont aujourd’hui dans un état très critique. Les deux bronzes sont également fragilisés car ils servaient hélas, depuis des décennies, de bancs, de marchepieds, de poubelle ou de support pour des inscriptions et des collages. Les deux œuvres ont également subi des actes de vandalisme. Leur patine originelle menaçant de disparaître, la restauration et la mise à l’abri de ces chefs-d’œuvre s’imposait de manière urgente. 

Les allégories des frères Coustou représentant Le Rhône et La Saône sont en cours de restauration dans le cloître du musée avant de rejoindre le parcours des collections permanentes, où elles n’auront plus à craindre les aléas climatiques, la pollution et le vandalisme.  

Présentation au public

Depuis le 23 mars 2021, les deux œuvres Le Rhône et La Saône ont été transférées au musée et y sont restaurées, dans un abri aménagé dans le cloître du musée. Plusieurs présentations de cette opération exceptionnelle seront effectuées par les restaurateurs, en présence des œuvres. Ces visites sont prévues prochainement, lorsque le musée pourra à nouveau accueillir du public. 

À l’automne 2021, à l’issue de leur restauration, les deux bronzes des frères Coustou seront de nouveau accessibles à tous, au sein des collections permanentes. Leur présentation au musée leur garantira de manière pérenne les meilleures conditions de conservation possible. Elle permettra également de mettre en valeur l’exceptionnelle qualité de ces deux authentiques chefs-d’œuvre de la sculpture au tournant du XVIIIe siècle. Ils seront en effet présentés au bas de l’escalier Thomas Blanchet, l’un des rares espaces du musée qui ait conservé son décor, datant du dernier quart du XVIIe siècle. C’est d’ailleurs aux côtés de ces œuvres que leurs auteurs d’origine lyonnaise, qui accomplirent tous deux de remarquables carrières, choisirent d’être représentés dans leurs portraits peints en 1725 par Jean-François Delyen et Jean Le Gros, conservés au château de Versailles, tant était grande la fierté qu’ils en tiraient. Leur présentation sera l’occasion de compléter de la plus belle des manières le fonds de sculpture du musée des Beaux-Arts de Lyon, tout en rendant hommage à deux artistes d’origine lyonnaise. 


Dans le cadre de la 4e Convention patrimoine 2019-2024 signée le 6 décembre 2019, l’État et la Ville de Lyon ont souhaité associer leurs moyens financiers et leurs compétences, pour restaurer les sculptures des frères Coustou représentant la Saône et le Rhône. Situées sur la place Bellecour, au pied de la statue équestre de Louis XIV, les deux chefs-d’oeuvre, dans un état critique, ont été déplacés au musée des Beaux-Arts de Lyon où ils seront restaurés.

Dossier de presse