Élève de Sandro Botticelli, Filippino Lippi fut un des grands artistes de la Renaissance florentine au XVe- début du XVIe siècle.

Il est très rare de trouver des dessins de Filippino Lippi en rapport avec des peintures connues et parvenues jusqu’à nous. Le dessin de Lyon a été mis en relation avec une commande d’un tableau d’autel par les Chartreux de Pavie en 1495. Filippino décède en 1504, avant d’avoir achevé le tableau : seules les études préparatoires témoignent de ce projet originel.

Le dessin de Lyon appartient à une séquence de trois autres études (Cambridge, Fogg Art Museum, dessin r° et v°, et Paris, Louvre) illustrant le travail préparatoire de l’artiste autour du sujet prévu par la commande. Les termes du contrat prévoyaient la représentation d’une Pietà entre saint Antoine Abbé, saint Paul Ermite et un ange, destinée à orner le maitre-autel de l’église des Chartreux. À la mort du peintre, la commande échut en 1511 son associé Mariotto Albertinelli.

Il demeure complexe de déterminer avec certitude la chronologie des différentes études dans le processus créatif de Filippino Lippi. Les différents spécialistes de l’artiste s’accordent néanmoins sur le fait que l’étude de Lyon se situe au début du processus d’étude. Ils s’appuient pour cela sur les traits rapidement esquissés mais également sur certains repentirs, certains très visibles comme la tête de la Vierge tracées deux fois et dans deux positions différentes ou les bras du Christ qui font l’objet de multiples tracés témoignant des recherches de l’artiste. L’étude de Lyon présente plusieurs strates de dessins qu’il est possible de différencier en observant attentivement les différentes techniques graphiques qui se superposent. En effet l’artiste utilise dans un premier temps la pointe de plomb, son tracé est léger et il sert de base pour la composition initiale. Ensuite il utilise la plume et l’encre brune, avec probablement deux plumes différentes lui permettant de réaliser des traits plus ou moins épais.

À gauche de la feuille, Filippino Lippi place saint Antoine Abbé, cette figure n’apparaît qu’en partie puisque coupée par le bord de la feuille : il est possible que celle-ci ait été amputée d’une partie. Au pied du saint, le cochon est un attribut permettant l’identification de ce personnage.

La confrontation des différentes études pour le tableau d’autel constitue une source primordiale pour comprendre le processus créateur et observer les recherches et les tâtonnements de l’artiste sur des variations de composition.