Le don récent au musée des Beaux Arts d'une gravure sur bois représentant une Piétà datant des années 1920 est l'occasion de révéler au public l'œuvre graphique du peintre lyonnais Charles Sénard (1878-1934), en particulier ses fusains et gravures à l'eau-forte symbolistes réalisées avant et pendant la première guerre mondiale.
Salles des pastels - 2e étage - Impressionnistes
Définition de l'Eau-forte
Sur une plaque recouverte de vernis, le graveur dessine son motif à l’aide d’une pointe. Puis, la plaque est plongée dans un mélange d’acide nitrique et d’eau, appelé eau-forte. Les parties du métal mises à nu par la pointe sont attaquées par l’acide. La plaque est ensuite dévernie, encrée, essuyée (l’encre restant dans les creux) et passée sous une presse.
Elève brillant et indiscipliné à l’Ecole des Beaux-Arts de Lyon, Sénard est apprécié de son vivant comme peintre de natures mortes. Bien qu’il ait été un exposant régulier des salons artistiques lyonnais, son oeuvre dessiné et gravé est resté confidentiel : peut-être parce que le dessin, chez lui, n’est pas une esquisse pour la peinture, mais est une oeuvre à part entière, exigeante et difficile.
Avant 1914, il expose au salon d’automne de Lyon plusieurs grands fusains qui s’inscrivent dans le courant symboliste de l’époque, montrant le malaise d’un univers qui va à sa perte dans l’imminence de la guerre. « Le mensonge, l’iniquité, la luxure, l’argent, seules idoles inébranlées parmi la ruine de croyances, fournissent tous les mythes nécessaires à l’expression de sa pensée », souligne, en 1912, l’écrivain et journaliste Henry Béraud. Le trait acéré par lequel Sénard rend les effets de foule compacte évoque le dessin féroce de l’un des grands graveurs de son temps, Théophile Steilen (1859-1923).
Les sujets de ses gravures à l’eau-forte, d’abord fantaisies orientalistes, se transforment progressivement en visions cruelles, parfois morbides ; ici, la prostituée fait écho à celle du belge Félicien Rops (1833-1898). L’artiste est hanté par la mort et les horreurs de la guerre. Ce symbolisme macabre inspire d’autres lyonnais, son contemporain le graveur Marcel Roux (1878-1922), Pierre Combet- Descombes (1885-1966) et Claude Dalbanne (1877-1964) à leurs débuts. Le cycle s’achève avec la guerre.
En 1925, Sénard est nommé président du salon du Sud-Est fondé la même année par les peintres Ziniars, dissidents du salon d’automne, autour de l’écrivain Gabriel Chevallier et du critique Marius Mermillon. Abandonnant l’eau-forte, il pratique alors la gravure sur bois, technique utilisée par ces jeunes artistes, durant les dix dernières années de sa vie.
En 1930, il devient membre de la commission consultative du musée des Beaux- Arts, puis conservateur en 1933, seize mois avant sa mort.
Œuvres exposées :
Composition décorative,
L’Esclave,
Jeune femme et monstre,
Composition décorative,
Scène macabre,
La Femme et la mort,
La Douleur et la mort,
Le Génie des ruines, coll. part.
Le Dépotoir,
Au drapeau ou Le Veau d’or,
Vanité des vanités,
Charrette déversant des femmes,
La Guerre,
Les Affligés,
Les Affligés,
Le Passant,
Le Carrefour ou La Ruée,
Pietà,